Les Habous marocains, leurs étranges spécificités, la banqueroute qui a failli anéantir cette institution millénaire et son sauvetage par le Protectorat français… voici l’histoire d’un parcours mouvementé, parfois trouble.
L’une des institutions les plus emblématiques, mais aussi les plus sensibles, à laquelle est confronté le Protectorat français en 1912 est celle des Habous. Il s’agissait pour les Français, dont l’administration est issue d’une tradition fortement centralisatrice qui trouve son origine dans la Révolution française et le Premier Empire (Napoléon Ier), de déchiffrer ce conglomérat de biens épars, d’en faire un inventaire et surtout de le réorganiser afin de le sauver de la faillite presque certaine dans laquelle il se trouve. Tout cela sans heurter la sensibilité religieuse des Marocains, peuple éminemment croyant.
Le « habous » n’était pas un terme inconnu dans le vocabulaire français. La colonisation de l’Algérie en 1830 avait trouvé cette même structure de « biens de main morte » que les militaires français avaient supprimée parce que les zaouïas qui appelaient au jihad contre la France étaient financées par des fondations pieuses, c’est-à-dire par les Habous. En Tunisie, lors de l’instauration du Protectorat en 1881, les Français se retrouvent encore une fois face à des Habous locaux autrement plus riches que ceux de l’Algérie, selon plusieurs sources, mais ils optent pour une forme de pragmatisme, en évitant des mesures radicales et en se contentant de pousser cette administration atypique à évoluer vers la modernité.
Par Younes Messoudi
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