Profitant d’un affaiblissement politique généralisé, les Espagnols et les Portugais occupent au XVe siècle plusieurs villes d’Afrique du Nord. Ainsi privés d’importantes ressources, les Etats maghrébins plongent dans la crise économique et voient leur pouvoir vaciller davantage.
Au début du XVe siècle, la situation du Maghreb se caractérise par une faiblesse politique générale et par une extrême division. L’impact des autorités politiques centrales devient de plus en plus limité, l’influence des bédouins arabes grandit, des petites principautés se multiplient et des régions tout entières sont abandonnées à elles-mêmes. Ce déclin général s’aggrave avec la perte du contrôle des routes commerciales et l’éclosion des zaouïas. De l’autre côté de la Méditerranée, le monde ibérique connaît le développement de la Reconquista. Il nourrit des convoitises vis-à-vis de l’Afrique du Nord. Il est encouragé dans ses visions expansionnistes par la faiblesse politique des Etats de la région et par la supériorité ibérique en matière de navigation, de cartographie et de construction navale. Dans cette entreprise, les ibériques bénéficient également d’une longueur d’avance en matière d’armes à feu et du soutien de l’église catholique exprimé par la papauté, qui voit là une réponse à l’invasion ottomane en Europe. Il va sans dire que l’intérêt économique est aussi au centre de cette entreprise. Les grandes villes marchandes du Maghreb ont été fréquentées par les commerçants du nord de la Méditerranée dès le XIIIe siècle. «Les marchands italiens et provençaux disputaient aux Catalans non seulement le ravitaillement des marchés locaux, mais aussi l’exploitation des richesses nord-africaines, au premier rang desquelles figuraient les pêcheries de corail. Les Catalans, grâce à leur activité, à leur habileté et à leur énergie, surent se ménager, aux XIIIe et XIVesiècles, une place importante dans les fondouks de Tunis, de Bougie et de Tlemcen et dans le trafic caravanier à destination du Soudan. Les caractéristiques mêmes de ce commerce où chaque marchand est à la fois commerçant, contrebandier et pirate, ne sont pas, loin s’en faut, sa moindre originalité», décrit l’historien français Fernand Braudel (in Autour de la Méditerranée, 1996).
Par Otman Mansouri
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