À priori, rien n’est plus marocain que le mouvement national qui lutte pour l’indépendance du pays. L’amour de la patrie, les valeurs refuges d’une société authentique et les marqueurs identitaires seraient donc à l’origine du nationalisme marocain. Pourtant, notre nationalisme est aussi le produit d’influences étrangères et de certains soutiens extérieurs…
Mais pourquoi donc Hubert Lyautey interdit, dès 1920, d’afficher publiquement au Maroc la « Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen », véritable signature des valeurs de la France héritées de le Révolution de 1789 ? Pourtant, ce sont ces mêmes valeurs qui sont brandies pour justifier la « mission civilisatrice » que s’est octroyée l’empire colonial français. De plus, le mot « nationalisme » est encore quasiment inexistant dans l’empire chérifien. Alors, que craint le premier résident général du Protectorat : les nombreuses tribus hostiles aux français qui continuent de maintenir l’arrière pays dans un état de guerre ? Non, car ces guerriers qui ont déclaré le Jihad ne se réfèrent certainement pas aux libertés individuelles prônées par la déclaration des droits de l’homme.
La France aux deux visages
En réalité, le maréchal, habitué à regarder plus loin que le bout de son nez, sait pertinemment que les Marocains « modernes » finiront par s’émanciper et demander l’indépendance pour leur pays. Il sait aussi que son pays est forcé de présenter deux visages antagonistes.
Lire la suite de l’article dans Zamane N°105/106 (Août/Septembre 2019)
Lyautey commit une erreur aux conséquences incalculables pour le Maroc d’alors: il n’a pas su résister aux tribus quand il voulut imposer l’école gratuite et obligatoire pour les garçons et les filles. Il capitula très vite. Imaginez le résultat si nous étion
s maintenant à 95% d’alphabétisés.