En avril 1992, la République de Bosnie-Herzégovine déclare son indépendance et se détache de la Yougoslavie en plein démembrement. La réaction de l’armée serbe est d’une violence inouïe et une guerre déchire la région jusqu’en 1995. Le Maroc n’y est pas resté insensible. L’islamisme politique se fait un nom et des jihadistes marocains y combattent. Récit d’un conflit pas si lointain.
« Le soutien à la cause de la Bosnie m’a permis de rencontrer le docteur Khatib ». Alors militant fondateur du « Mouvement de la Réforme et du Renouveau », le destin politique de Abdelilah Benkirane s’apprête à basculer en cette année 1992. À travers la mobilisation marocaine pour les musulmans de Bosnie, le futur Chef du gouvernement trouve l’opportunité de fréquenter le gourou incontestable et officiel de l’islam politique marocain, Abdelkrim Khatib. Un contact qui se transforme en solide alliance qui donnera plus tard le PJD, parti politique le plus influent des années 2000. Outre le milieu islamiste, la guerre en Bosnie s’attire la sympathie de l’opinion publique marocaine, témoin à travers la presse, et surtout la télévision, des atrocités commises dans les Balkans. Depuis l’invasion de l’Afghanistan par les Soviétiques à l’aube des années 1980, le monde musulman est attentif au sort des leurs coreligionnaires partout dans le monde. Le sentiment d’appartenance à la Oumma provoque un besoin collectif de s’insurger et de lutter contre les « ennemis de l’islam ». Cet élan est généralement composé de deux mouvements parallèles, celui de la mobilisation humanitaire, légale et légitime, et celui plus souterrain des combattants au nom d’Allah. Une nébuleuse encore mal connue que l’on appelle l’Internationale jihadiste, ancêtre d’Al Qaïda et de Daech.
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