Dans l’ombre des grandes figures du Makhzen et du mouvement national, des millions de Marocains anonymes vivent dans un pays sous domination française. Comment leur quotidien s’est-il transformé ? Et à quels types de discrimination sont-ils confrontés ? Journal des Marocains sous le Protectorat…
Sur les neuf articles régissant le Traité de Fès en 1912, aucun ne fait mention du peuple marocain. En revanche, il est question de gouvernance, d’institutions, d’économie, de diplomatie, de Mahkzen, de sultan et du Gouvernement de la République. À croire que dès le départ du Protectorat français sur le Maroc, la population dite « indigène » n’a pas droit de cité. Il faut dire que les premières années de la présence française sur le sol chérifien sont encore celles de la lutte armée. De nombreuses tribus situées dans les coins les plus reculées du pays ne connaissent les Français que par la confrontation armée. Il faut attendre l’année 1937 pour que la Résidence Générale déclare officiellement l’achèvement de la « pacification », soit la fin de la résistance armée dans toutes les provinces marocaines. Ce n’est qu’à cet instant que l’immense majorité des Marocains s’installent durablement dans la routine quotidienne. Loin des affaires politiques, l’essentiel pour eux est de subvenir à leurs besoins primaires. Une préoccupation qui demeure bien plus importante que la nature du régime à la tête du pays.
Lire la suite de l’article dans Zamane N°102 (mai 2019)