Construites durant le Protectorat et rasées en 1971, les arènes de Casablanca ont constitué durant près de 50 ans un lieu incontournable pour les férus de la tauromachie et des arts du spectacle.
Boulevard Anfa à Casablanca… Rien ne semble rappeler aujourd’hui que sur ce terrain vague, laissé longtemps à l’abandon, des taureaux ont été mis à mort et des toreros à pied ou à cheval défiaient au combat des toros de Lidia sous les olas d’une foule casablancaise assoiffée de spectacles de sang. Pourtant, jusqu’en 1971 et sur ce même terrain, trônait un grand édifice : les arènes de Casablanca. Un lieu mythique où se rassemblaient les aficionados de tauromachie et de corridas, mais pas seulement. Des courses, des matchs de boxe, des spectacles et surtout des concerts y étaient régulièrement organisés. Ainsi Abdelhalim Hafid, Najat Saghira, le groupe américain les Platters, Dalida, ou encore Johnny Hallyday, se sont eux aussi produits aux Arènes de Casablanca.
Une date imprécise
À l’instar de Tanger (lire encadré), c’est sous le Protectorat que les arènes de Casablanca voient le jour. Elles auraient d’abord été construites en bois par une famille d’immigrés espagnols, les Castella, venus s’installer au Maroc à la fin du XIXe siècle. Toutefois, la date exacte de la construction des Arènes n’est pas bien précise. Dans son livre Habla la plaza de Casablanca, F. Ribes Tover avance la date de 1913, tandis que Julio Irbarren, dans un travail de recherche à ce propos, fixe la date de la construction des arènes de Casablanca à 1921. Cette date semble plus cohérente, puisque des photographies aériennes du Casablanca de 1916 ne semblent pas attester de l’existence des arènes. De plus, c’est lors de cette même année, plus précisément le 23 octobre, que le Maréchal Lyautey inaugure les arènes, à l’occasion d’un match de boxe du champion du monde, le Français Georges Carpentier. S’il est possible qu’elles aient été d’abord montées en bois, il est en tout cas sûr que la construction en dur se fera avant l’inauguration. Construites en 80 jours, les arènes prendront la forme que l’on peut voir sur les photos d’époque : un grand édifice circulaire de 12 000 places qui occupe toute la surface du terrain avec, comme le veut l’esprit colonial, beaucoup d’éléments spécifiques au style marocain, notamment des portes andalouses. C’est l’architecte français Alexandre Cormier qui s’occupe de la conception du bâtiment. Né en 1890 à Paris, puis formé à l’École nationale des Beaux-Arts de Nice, il est démobilisé en 1919 en tant que chef de service d’un cabinet d’architecture à Casablanca. En 1921, il s’installe pour son propre compte dans la ville blanche et participe à la construction de nombreux bâtiments de Casablanca, notamment l’immeuble la Princière, le vélodrome et les arènes.
Par Ali Zarki
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