Si le théâtre ne fait pas partie des arts ancestraux au Maroc, il n’en demeure pas moins une arme utilisée contre l’oppression. Chroniques d’une culture dont la résistance est devenue la marque de fabrique.
Ce n’est sûrement pas un hasard si les premières représentations marocaines s’insurgent contre le Protectorat. En effet, les précurseurs de l’écriture dramatiques ne sont autres que les premiers nationalistes marocains. Entre Abdelkhalek Torrès au Nord et Mohamed El-Qorri au Sud, le courant nationaliste semble s’engouffrer dans la brèche qu’offre le théâtre pour exprimer le malaise de la société marocaine face à la colonisation. Avant cette période qui inaugure les années 1930, il est difficile d’évoquer le théâtre marocain. Cette pratique, très populaire depuis des siècles en Occident, ne fait en revanche pas partie du répertoire artistique marocain. En tout cas, pas sous la forme que nous lui connaissons aujourd’hui. En revanche et à travers une définition plus large, c’est-à-dire un spectacle joué par des comédiens en présence d’un public, la tradition marocaine foisonne en ce sens. Une coutume qui fait aujourd’hui partie intégrante du folklore du royaume, dont la partie la plus visible se situe au cœur de la place Jamaâ El Fna à Marrakech. La «halqa» que l’on peut traduire par « cercle » fait partie des activités communément appelées «spectacle de rue». Des contes ou des histoires, dont la plupart sont centenaires, sont livrés à un public de badauds sur la place publique. Cet art est scénarisé et comporte tout un ensemble de codes spécifiquement respecté. Avant l’apparition du théâtre «moderne», la «halqa» est également un moyen de tourner subtilement en dérision les puissants de la société. Car, l’aspect divertissement n’est pas le seul tenant d’une représentation de ce type.
Par Sami Lakmahri
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