Sous l’impulsion du sultan Abderrahmane 1er, maître de Cordoue (756-788), les sciences prennent une bien belle tournure. Plusieurs disciplines se confondent alors entre art et savoir. La philosophie notamment, depuis la traduction en arabe des textes des philosophes de la Grèce antique, joue un rôle essentiel dans l’approche particulière des sciences. Un terme générique, qui rassemble les recherches de nature scientifique, mais également l’art de la littérature. C’est ainsi que dans le vaste domaine des sciences, la poésie s’affirme comme incontournable chez les Andalous. Les grands savants sont donc forcément capables de manier habilement la science des mots. A ce petit jeu, de nombreuses femmes s’imposent parmi les plus prolifiques de leur temps. L’existence d’une poétesse telle que Wallada Bint Al Moustakfi est un bon exemple de la tolérance qui règne alors en Al Andalus. Cette princesse, fille du dernier Calife Omeyyade Mohamed Al Moustakfi, n’a pas subi la disgrâce qui s’est abattue sur son père, responsable du morcellement de l’empire et de l’apparition des Taïfas. Bien au contraire, tout en gardant son statut privilégié, Wallada a tout le loisir de poursuivre ses soirées littéraires dans sa demeure princière. Plus tard, dans la première moitié du Xème siècle, Cordoue est encore le théâtre des exploits d’une autre poétesse fameuse du nom de Oum Al Hana, qui aurait inspiré par ses textes mélancoliques, plusieurs générations de poètes. L’émirat de Cordoue fait tout de même exception au reste du monde arabe et chrétien. L’enseignement y est un temps obligatoire, et les femmes sont quasiment toutes instruites. Une singularité qui n’a pas empêché les poétesses de conquérir toute l’Espagne, particulièrement le royaume de Grenade. Cette ville qui connaît son âge d’or au cours du XIème siècle, a vu une centaine de ses habitantes se spécialiser dans l’art particulier de la calligraphie. Un domaine qui dépasse largement son aspect esthétique, puisque la diffusion des textes ne peut se faire autrement que par l’élégante plume de ces dames. Bien sur, les femmes qui atteignent le statut de savantes jouissent indéniablement d’une liberté sociale enviable dans nombres de pays musulmans contemporains. Les Andalouses possèdent également une liberté de ton très étendue. Les productions littéraires féminines regorgent de Mouachahates (poèmes chantés par une chorale, souvent accompagnées d’un oud) qui traitent des amours, parfois en utilisant un ton qui s’apparente à de l’érotisme. Une banalité qui est devenue hors-normes lors du déclin d’Al Andalus.
Aucun Résultat
View All Result