Bien avant le Protectorat, l’arrivée progressive des Européens en terre marocaine a créé une sorte de choc des civilisations. Les valeurs humanistes de la révolution française étaient, soient ignorées, soit farouchement combattues.
La pénétration européenne du XIXème siècle a ouvert le royaume au commerce international et aux intrigues politiques des grandes puissances, qui allaient à moyen terme mettre fin à notre indépendance. Mais avec l’arrivée des Européens, leurs produits et leur technologie, il y avait aussi leurs idées et leurs valeurs qui ne cadraient pas toujours avec notre grille de principes, de la religion et de la morale. Beaucoup parmi nos élites se posaient la question : pourquoi les Marocains n’ont-ils pas embrassé les idéaux universels de la révolution française, qui représentent pourtant le couronnement d’une longue marche de l’homme vers plus de dignité et de civilisation ? Mais ce genre de questionnement dénote d’une méconnaissance totale de nos valeurs, ou plutôt des valeurs de l’élite savante, dont les références religieuses et idéologiques ne pouvaient s’accommoder de valeurs venues d’ailleurs et prônant la laïcité, voire l’athéisme. Les Marocains de la fin du XVIIIème siècle, ou les élites tout du moins, étaient bien au courant de ce qui se passait au-delà de leurs frontières. Les voyages des commerçants marocains dans les grands ports d’Europe ne se sont jamais arrêtés, comme la présence de commerçants européens dans les ports marocains.
Par Mohamed El Mansour
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