Succédant à Amina Bouayach, Mohamed Neshnash est le nouveau président de l’Organisation marocaine des droits humains. Cet ancien militant et membre de l’IER a la lourde tâche de promouvoir la question des droits de l’Homme au Maroc.
Sur la question de la torture, le rapporteur de l’ONU Juan Mendez a pu récemment visiter le Maroc et a livré un rapport accablant. Qui est à l’origine de sa visite et pourquoi ?
C’est l’Etat marocain qui a invité l’envoyé spécial de l’ONU. En ratifiant les traités internationaux, le Maroc s’est engagé, notamment auprès du Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, à fournir un rapport annuel sur la situation des droits de l’homme dans le pays. Lors de la dernière rencontre, le Maroc s’est engagé à remplir 140 des 148 critères qui lui sont imposés. L’ONU collabore étroitement avec des ONG tel que Human Rights Watch ou Amnesty International pour définir les domaines faisant encore l’objet de dérives. Ils mentionnent, concernant le Maroc, les détentions abusives, la surpopulation carcérale, le traitement des patients en hôpital psychiatrique ou encore la « sous-traitance » de la torture en faveur de pays étrangers, je pense notamment au centre de Temara. La visite de Juan Mendez s’inscrit donc dans le cadre d’un bilan sur les engagements passés.
L’envoyé de l’ONU dresse un tableau plutôt sombre, y compris concernant le traitement des militants politiques. Qui en est responsable et quel crédit accorder aux organisations qui défendent les droits de l’homme au Maroc ?
Le constat de Juan Mendez me paraît juste. Il n’a rien inventé dans son rapport. Il fait allusion à tous les problèmes cités auparavant, en insistant sur les conditions de détention. Il est malheureux de voir que certaines mentalités sont restés bloquées dans le passé alors que le pays est doté d’une constitution à la hauteur du défi des droits de l’homme. Concernant les manifestations, l’OMDH a constaté la violence contre les manifestants, parfois même des femmes et des handicapés. Nous dénonçons également une utilisation abusive de la loi anti-terroriste. Quant aux jeunes du 20-Février, il n’existe aucune preuve qu’ils aient été torturés. Malheureusement notre statut ne fait de nous que des observateurs et des consultants, mais tous les bénévoles de l’OMDH travaillent dur pour traiter tous les cas qui nous sont rapportés.
Par Sami Lakmahri
Lire la suite de l’article dans Zamane N° 24