Même après sa mort, le maréchal Lyautey refuse le repos. En demandant à être enterré à Rabat, il suscite l’émoi de ses compatriotes et la gêne du Maroc. Aujourd’hui, c’est pourtant aux Invalides, en France, que gisent ses cendres. Retour sur le crépuscule de la vie du premier Résident Général et de ses incroyables soubresauts post mortem…
Lyautey est mort au moins deux fois. Le 12 octobre 1925, il foule une dernière fois la terre marocaine. Sur les quais du port de Casablanca, un cortège impressionnant accompagne le départ de l’architecte du Maroc moderne. L’ambiance est lourde, les honneurs militaires lui sont rendus. Il embarque finalement à bord de l’Anfa, navire qui le fait définitivement -de son vivant- traverser la méditerranée. Une cérémonie qualifiée de « triomphale et funèbre » par André Maurois, premier biographe de Lyautey (1931), présent sur les lieux de la « première mort » du Maréchal. Car les neuf années qui suivent son départ du Maroc ne ressemblent qu’à un long crépuscule de celui qui n’occupera désormais plus aucune haute fonction. Le militaire aventurier cesse sa vie romanesque qui l’avait jadis conduit partout (Tonkin, Madagascar, Italie, Grèce, Algérie) et surtout dans les plus hautes sphères de l’empire chérifien. Les dernières années de sa vie, le vieux maréchal les passe entre Paris et son fief lorrain de Thorey, où il demeure dans le manoir familial. Le 27 juillet 1934, c’est là qu’il rend son dernier souffle. Sa « seconde mort » n’augure pourtant pas encore le repos éternel. Après les funérailles catholiques et selon ses dernières volontés, les cendres de sa dépouille refont le chemin inverse et sont inhumées dans un mausolée qui lui est dédié à Rabat.
Par Sami Lakmahri
Lire la suite de l’article dans Zamane N°109 (Décembre 2019)