Bernard Bajolet, ancien ambassadeur de la France en Algérie entre 2006 et 2008 et patron de la DGSE (2013-2017) vient de publier «Le soleil ne se lève plus à l’Est, mémoires d’Orient d’un ambassadeur peu diplomate». Il y est question de la rivalité maroco-algérienne et de l’arbitrage français.
Bernard Bajolet vient de publier un livre riche en révélations sur son expérience maghrébine, dès le début des années 1990 en tant que haut fonctionnaire du Quai d’Orsay. Malgré le cessez-le-feu, aucune solution politique n’est trouvée pour régler le conflit nonobstant une tentative de médiation française à laquelle il a pris part. Le diplomate révèle à cette occasion une confidence livrée par Jacques Chirac. L’ancien président rejette la faute sur Mohamed Benaïssa. Il aurait prononcé cette phrase cinglante: «On était près d’un accord. Mais les Marocains ont tout fait capoter ». Lorsque Bajolet est nommé ambassadeur à Alger en 2006, la première rencontre avec Abdelaziz Bouteflika est glaciale. Ce dernier se serait plaint : «On nous a parlé de relations privilégiées avec l’Algérie. Mais en réalité, les privilèges ont été réservés au Maroc et à la Tunisie. L’Algérie, elle, n’a rien vu ». Le diplomate français tempère : « La position de la France ne relève pas d’un quelconque parti-pris. Mais elle peut être influencée par le sentiment que cette affaire est vitale pour le Maroc, alors qu’elle ne l’est pas pour l’Algérie». Bouteflika n’en démord pas : « Elle n’est pas vitale pour nous. Mais sachez qu’il n’y aura pas de lune de miel avec le Maroc, pas de Maghreb arabe tant qu’une solution équitable ne sera pas trouvée».