Pourtant « frères d’indépendance » et partenaires stratégiques pour l’édification d’une union maghrébine, le Maroc et la Tunisie connaissent au début des années 1960 une brouille diplomatique majeure. La question mauritanienne est au cœur d’une crise peu connue. Explications.
Bien avant que ne se pose la question du Sahara, la sacralité du territoire marocain concerne d’abord la Mauritanie. Pour Rabat et ses alliés de la Ligue Arabe, nul doute que cet espace revient de droit au royaume chérifien. L’autre camp, incarné par la plupart des pays d’Afrique et mené en sous-main par la France, souhaite l’émergence d’un nouvel Etat tampon à la lisière du Sahara. Dans cette bataille diplomatique bien rangée, la république de Habib Bourguiba semble casser l’ordre naturel des jeux d’alliances. La Tunisie, seul pays arabe à soutenir l’émergence de la Mauritanie, prend le Maroc à contrepied. Outre son soutien à la création de cet Etat, Tunis va même jusqu’à parrainer la candidature de Nouakchott auprès de l’ONU. Un crime de lèse-majesté qui rend amer le pouvoir marocain, qui estime que le pacte d’amitié signé avec le président Bourguiba en 1957 est au moins fragilisé, sinon devenu caduc. Malgré une rupture diplomatique de façade en 1960, les deux pays ne peuvent rompre ouvertement leurs relations.
Par Sami Lakmahri
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