Récupérer Chenguitti est un enjeu nationaliste que Mohammed V a bien compris. Hassan II, lui, juge cette entreprise trop risquée pour la monarchie. Mais l’indépendance de la Mauritanie ne sera pas sans conséquences sur le royaume.
Quand une partie de l’Armée de libération (AL) se dirige vers le sud après la proclamation de l’Indépendance du Maroc, son objectif premier n’est pas de s’attaquer aux Espagnols qui occupent encore la région de Tarfaya et le Sahara occidental. Leur principale cible, ce sont les forces françaises dans le sud-ouest de l’Algérie et en Mauritanie. Cela peut paraître curieux vu la configuration géographique de la région, mais les dirigeants de l’AL-sud ont leurs propresraisons et calculs.
Premièrement, pour les nationalistes marocains, quelle que soit leur orientation et notamment ceux qui ont eu recours aux armes, l’ennemi à abattre c’est la France et non l’Espagne. Cette dernière est perçue comme une puissance secondaire, dont la présence en Afrique du Nord est liée à celle de la France, qui est l’une des toutes premières puissances du monde. D’ailleurs, Madrid avait accepté en 1912 de jouer les seconds rôles en signant avec la France, et non avec l’empire chérifien, un acte juridique de sous-protectorat lui reconnaissant le nord du Maroc comme zone d’influence. Autre raison, cette descente vers le sud s’est opérée en coordination avec les combattants algériens, qui ont vitalement besoin d’une dispersion de l’écrasante puissance de feu française qui se concentre sur eux dans la partie nord de l’Algérie. A ces deux raisons principales, il faut en ajouter une troisième, non moins importante. C’est la sympathie et le respect mutuels qui sont nés et se sont développés durant les deux années de collaboration entre nationalistes marocains et responsables espagnols, quand ces derniers fermaient les yeux sur les préparatifs de guerre de l’AL contre les Français.
Par Maâti Monjib
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