En août 1992, le roi Hassan II dévoile enfin son projet de réforme constitutionnelle. Bien que le texte soit attendu, il vient confirmer que l’ère des « années de plomb » est définitivement close. Récit de l’été où le destin politique du Maroc a basculé…
De l’eau a coulé sous les ponts. Vingt ans après le second coup d’état de Skhirat, Hassan II sait que l’heure est venue. Après avoir mis au pas les militaires, subi la brutalité des réformes économiques imposées par le FMI, été pointé du doigt par les défenseurs des droits de l’homme, le souverain est attendu au tournant. Comme souvent, le salut vient de la Constitution. Le projet de 1992 est ainsi la quatrième réforme de ce type depuis l’indépendance du pays en 1956. Et c’est souvent en temps de crise que le monarque dégaine son chapeau magique. Le tour est cette fois bien préparé. Au menu de cette Constitution que est validée par référendum en septembre 1992, une régionalisation avancée, une mention aux droits de l’homme, et un nouveau modèle de gouvernance. Désormais, c’est le Parlement qui est chargé d’investir le gouvernement. Face au roi, les partis historiques sont sceptiques. L’Istiqlal, l’USFP, l’OADP et les deux grandes centrales syndicales que sont la CDT et l’UGTM appellent aux boycott du référendum. Le « oui » l’emporte tout de même à hauteur de 99.98%.