Mohamed Berrada a été le ministre des Finances durant la dernière grave crise économique du Maroc. Confronté à la nécessité d’enclencher le PAS (Plan d’ajustement Structurel) durant les années 1980, il avait expliqué à Zamane l’origine de la crise et les moyens mis en œuvre pour la surmonter. Un extrait aujourd’hui plein d’enseignement…
«Le problème qu’a connu le Maroc à cette époque est relatif aux dépenses considérables de l’État, financés par des crédits internationaux à un moment où les taux d’intérêt étaient très élevés. La dette extérieure avait alors atteint un niveau tel, qu’on ne disposait pas suffisamment de réserves de change pour faire face à nos engagements. Or, si vous n’avez plus de devises, vous ne pouvez plus rien acheter à l’étranger. A l’intérieur, vous ne pouvez plus, non plus, maintenir les subventions pour l’équilibre des prix des produits de première nécessité. C’est d’ailleurs pour cela que des mouvements de protestation se sont multipliés au début des années 1980. De ce fait, le Maroc s’est retrouvé dans une situation où il était obligé de conclure des accords de rééchelonnement avec ses créanciers, par l’intermédiaire du FMI et de la Banque Mondiale. C’est le début du PAS entamé sous le mandat d’Abdellatif Jouahri, et que j’ai poursuivi par la suite. Le mot d’ordre était simple : réduire les dépenses. Malheureusement, il était plus facile de réduire les dépenses sociales. Dans tous les cas, il fallait rétablir les équilibres macroéconomiques avant de mettre en place une politique de croissance saine et durable. Nous n’avions pas beaucoup d’autres choix que de nous plier au PAS. Aujourd’hui encore, tout le monde est dépendant de la toute puissance des marchés financiers et des agences de notation. Il suffit qu’une agence de notation rédige un rapport défavorable sur votre pays, pour que vous ne puissiez plus emprunter. C’est eux qui mènent la danse.
Je pense que sans le PAS, la situation se serait détériorée encore plus. Y compris sur le plan social. Il faut surtout rappeler que le PAS a été accompagné de réformes structurelles importantes qui ont renforcé les assises économiques de notre pays : réforme fiscale, entreprises publiques, commerce extérieur, privatisation, marchés financiers etc.
Par Sami Lakhmahri
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