Hosni Moubarak a rendu l’âme le 25 février. En trois décennies à la tête de l’Egypte, le raïss a soufflé le chaud et le froid sur le Maroc. Retour sur un chapitre où le pharaon déchu a joué les équilibristes…
Il est mort dans l’ombre alors qu’il a toujours voulu la lumière. Hosni Moubarak, président déchu de la République égyptienne, a finalement succombé à une santé déficiente dans un hôpital militaire de son pays, à l’âge de 91 ans. Sa longue carrière politique a été éclipsée par le mouvement populaire qui l’a poussé à quitter le pouvoir en 2011. Condamné à plusieurs reprises par les tribunaux du pays où il régnait en maître, Moubarak est devenu l’un des symboles des régimes autoritaires évincés par le printemps arabe. Mais avant ce dernier opus, le raïss était un personnage incontournable de la géopolitique régionale. À la tête d’une puissance comme l’Egypte, son action envers le Maroc est d’une importance non négligeable. Si la situation était déjà tendue entre les deux pays sous les présidences de Nasser puis Sadate, Moubarak poursuit ce rapport de force durant ses 30 ans de «règne». Une relation qui débute d’une manière hostile, bien avant que Moubarak n’accède à la présidence. En 1963, en pleine Guerre des Sables entre le Maroc et l’Algérie, l’Egypte choisit son camp et offre une aide logistique et militaire à Alger. Un jeune copilote de l’armée de l’air égyptienne est capturé par les FAR, alors que son hélicoptère atterrit par erreur en territoire marocain. Hosni Moubarak, c’est de lui qu’il s’agit, restera captif jusqu’à la fin du conflit. Une première expérience qui va sans doute aiguiser la méfiance du futur raïss envers le Maroc de Hassan II. En 1981, lorsque Moubarak succède au président Sadate, il doit faire face à l’isolement de l’Egypte, expulsée de la Ligue Arabe suite aux accords de Camp David, conclus avec Israël en 1979. Hassan II sera l’un des partisans du retour du Caire au sein de l’organisation arabe. Pour autant, Moubarak demeure fidèle à l’alliance avec l’Algérie. Une position qui l’oblige à garder une certaine forme de neutralité concernant le conflit du Sahara. Prudent, Moubarak se garde bien d’investir ce terrain glissant. À la mort de Hassan II en 1999, le raïs est l’un des chefs d’Etat présent aux funérailles du défunt monarque. Il entame avec son successeur Mohammed VI, une relation plutôt cordiale, entrecoupée toutefois de certains moments de tension, où le président a agité la carte du Sahara pour faire pencher la balance du côté de ses intérêts. Avec sa destitution, la relation entre les deux pays est entrée dans une nouvelle phase, pas forcément plus stable.