De toutes les tentatives de récupérer Sebta, celle du sultan Moulay Slimane, au début du XIXème siècle, a probablement été la plus sérieuse. Récit d’un épisode au cours duquel le Maroc a été victime du cynisme britannique et des enjeux géostratégiques européens de l’époque.
Dans les annales de l’histoire du Maroc, le sultan Moulay Slimane passe pour un sultan faible aux prises avec une dissidence tribale inextricable sur le plan interne et menant une politique d’isolement vis-à-vis de l’Europe. Il avait pourtant pu tirer profit de la situation internationale pour déployer des efforts sérieux en vue de récupérer la ville de Sebta.
Une conjoncture (dé)favorable?
Le règne du sultan Moulay Slimane (1792-1822) coïncide pour sa plus grande partie avec les guerres de la révolution française (1792-1802) puis les guerres dites napoléoniennes (1802-1815) qui avaient déchiré le continent européen pendant près d’un quart de siècle. Les historiens ont souvent accusé Moulay Slimane d’avoir fermé les portes du Maroc à l’Europe et d’avoir choisi une politique isolationniste motivée par la xénophobie et le conservatisme religieux. Peu se sont souciés de voir de l’autre côté, où une guerre sans merci entre la France et l’Angleterre avait rendu toute communication entre le Maroc et ses voisins européens risquée et quasi impossible.
Dans l’été de 1798, Napoléon Bonaparte envahit l’Egypte et signifie son intention de couper la route des Indes aux Anglais et d’étouffer leur commerce en Méditerranée. Pour les Maghrébins, c’était la première attaque chrétienne au coeur du monde musulman depuis les croisades et une humiliation qui n’avait de précédent que la perte de l’Andalousie. Les Maghrébins ne pouvaient plus se rendre aux lieux saints et se sentaient par conséquent menacés même dans leur religion.
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