Les Almohades inspirent la terreur là ils passent. Leur réputation de pourfendeurs de la culture et des arts les précède. Lorsque le mouvement fondé par Ibn Toumert déferle sur la capitale des Idrissides en 1145, la panique de voire anéantir la mythique Qaraouiyine et d’autres chefs-d’œuvre de Fès est bien réelle. Une scène décrite dans le Rawd al-qirtas , ouvrage rédigé à la fin du premier quart du XIVème siècle, consacré à l’histoire architecturale de la mosquée fassie : «Lorsque les Almohades entrèrent dans la cité, les juristes et les notables de la cité craignirent que les conquérants, qui prônaient le mépris des vanités du monde et la plus extrême austérité, ne les blâment pour ces décors sculptés et ces ornements qui se trouvaient au-dessus du mihrab». Les conséquences, sous le coup de la panique, sont irréversibles : «Ils prirent peur, et c’est ainsi que, cette nuit-là, vinrent des plâtriers qui posèrent, sur les décors sculptés et les dorures au-dessus du mihrab et autour de celui-ci, des feuilles de papier qu’ils enduisirent de plâtre puis d’un lait de chaux bien lissé. Ainsi disparurent tous ces décors sculptés sous une couche uniforme de couleur blanche». Cette anecdote en dit long des préjugés sur les Almohades, notamment les premières années de leur règne. Car en réalité, un empire cherche toujours à laisser un héritage esthétique et grandiose. Les sultans de la dynastie le savent et deviennent parmi les grands bâtisseurs d’Al Andalus et du Maghreb. Une trace indélébile.
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