Depuis la création du ministère de l’Intérieur jusqu’à nos jours, l’histoire de « la mère des ministères » n’a pas été un long fleuve tranquille. Dans l’entretien qui suit, Mustapha Sehimi, grand connaisseur de la question, nous explique comment et pourquoi.
Pour beaucoup de Marocains, l’Intérieur a toujours été « la mère de tous les ministères ». De quand date la naissance de cette perception ? Est-elle juste ?
Cette qualification de «mère des ministères» n’est apparue que dans les années 1980 et elle a été ensuite confortée dans le discours politique des années 1990. Aujourd’hui, elle est moins présente, sans doute parce que les termes de référence du « système » institutionnel ont connu des changements. La « mère des ministères », ce sont pratiquement les 25 ans du département de l’Intérieur confié à Driss Basri (1974-1999) qui ont nourri cette notion. C’est une construction institutionnelle et politique continue, obstinée même, faisant de ce département un régulateur de la vie publique, sociale, politique et même, dans une certaine mesure, économique. Il faut y ajouter, dans ce même registre, la haute main sur la gestion de la question nationale du Sahara avec son versant de politique intérieure bien sûr, mais aussi certains aspects de son versant diplomatique, en Algérie, au Maghreb et ailleurs. Au Maroc et en droit comparé – mais seulement dans les Etats unitaires et centralisés –, le ministère de l’Intérieur est au cœur de l’administration. Les attributions traditionnelles de ce département relèvent de l’administration du territoire et de la garantie de la sécurité des citoyens et des biens. Administrer le territoire, c’est assurer la représentation et la permanence de l’Etat sur l’ensemble du territoire national, garantir l’intégrité des institutions publiques, enfin veiller au respect des libertés locales, ainsi qu’aux compétences des collectivités locales territoriales dans le cadre de la décentralisation.
Propos recueillis par Karim Boukhari
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