Jusqu’à l’instauration du Protectorat en 1912, le Maroc existait bien comme nation, mais n’avait pas encore de nom, pour les Marocains du moins. Genèse d’un baptême qui a tardé à venir.
Entre eux, les Marocains se contentaient de s’appeler “musulmans”. Les noms de “Maghrébins” ou “Marocains” n’étaient en circulation que parmi les «autres», les gens de l’extérieur. À la fin du XIXème siècle, Jules Erckmann écrivait que “les Marocains n’ont pas l’air de se douter qu’ils appartiennent à un empire du Maroc et n’ont pas de nom pour désigner leur nation”. Un voyageur anglais de la même époque, Arthur Brooke, fait la même remarque. Entre eux, les Marocains “s’appellent musulmans”, dit-il. Germain Ayache, un grand historien du Maroc qui n’a jamais douté de l’existence d’un sentiment national chez les Marocains au XIXème siècle, confirme ces remarques : “Bien que le nom de Maghreb fût assez souvent employé pour désigner géographiquement le pays, jamais le mot de “Maghrébins” (Marocains) n’était employé. Quand un autre que le sultan voulait les nommer, il disait “les possesseurs du Maghreb (Arbab al Maghrib)”.
En effet, même le sultan, quand il voulait s’identifier auprès des souverains étrangers, comme dans les lettres qu’il adressait aux chefs d’Etat européens, il se présentait tout simplement comme “sultan des musulmans du Gharb”, le terme “gharb” désignant ici la partie occidentale de l’Afrique du Nord, ou le Maghreb. Ce fut le cas pour le sultan Moulay Abderrahmane (1822-1859) par exemple. Pourtant, la distinction quadripartite, incluant Maroc, Algérie, Tunisie et Tripoli, existait bien avant. Abou Al Qassim Al Zayani, qui a séjourné et voyagé à travers ces pays pendant la seconde moitié du XVIIIème siècle, distingue très nettement entre les quatre entités, même si pour son pays il hésite encore entre “Gharb” et “Maghrib”, passant de l’un à l’autre.
Par Mohamed El Mansour
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Sublime !
Peut-on donc considérér l’islam comme unificateur et source de maintient et stabilité sociale et politique du Maghreb ?
Si oui, ne peut être celle là une faille dans la structure sociétale des pays maghrébins ?