Légendaire, immortelle, la formation Nass El Ghiwane n’a pas « réveillé » que la jeunesse marocaine des années 1970. Elle a aussi inspiré des chercheurs et des artistes loin, très loin de nos frontières.
Les premiers concerts du groupe se tiennent à Casablanca à partir de 1970. Dans le climat d’oppression qui règne à l’époque, la culture a forcément des relents subversifs. Surtout quand elle est différente. Alors que le pays est inondé de romances d’inspiration orientale, Nass El Ghiwane se démarque. Instrumentation, paroles, chants : tout est nouveau et pourtant si ancien chez les amis de Batma et Boujemia. Le groupe accède rapidement, et logiquement, au stade de symbole pour une jeunesse en quête de repères. Il devient même un phénomène. C’est à ce titre que les chercheurs ou artistes de la scène internationale ont jeté leur dévolu sur ce groupe unique en son genre. La chercheuse Margurite Rollinde remet en contexte le succès précoce de Nass El Ghiwane dans son ouvrage Le mouvement marocain pour les droits de l’Homme, entre consensus national et engagement citoyen. Extrait : « A l’époque où la revue Souffles disparaît, un groupe de musiciens se crée à Casablanca. Il est à l’écoute de la société à laquelle il appartient plus qu’il n’essaie de transformer, et fait entendre une voix différente, en s’adressant à un public populaire jeune. La majorité de ses membres est, d’ailleurs, issue d’un quartier populaire de Casablanca, Hay Mohammedi ».
Par Ghita Zine
La suite de l’article dans Zamane N° 56