Grand spécialiste de l’histoire de Rabat, le Pr. A. Khamlichi nous invite à un tour d’horizon passionnant à travers les époques, les changements et les « mues » qui ont marqué la vie de la capitale du royaume.
Notre première question est d’ordre général : est-ce qu’il est possible de présenter, en quelques phrases, la longue histoire de la capitale du Maroc ?
Il faut tout d’abord relever que Rabat jouit d’une position importante. Elle représente une sorte de fenêtre sur l’océan atlantique pour le centre du pays. C’est également un lieu de passage privilégié entre le Nord et le Sud du royaume. Pour faire bref, on peut dire que Rabat est passé par quatre étapes. La première est incarnée par sa fondation au milieu du XIIème siècle par les Almohades. Durant cette période, Rabat devient un lieu de rassemblement des troupes et de départ pour le Jihad en Andalousie, après avoir été un centre de lutte contre le royaume des Berghouata. La deuxième étape s’ouvre avec l’arrivée de la dernière vague des Morisques expulsés d’Espagne au début du XVIIème siècle. Rabat revit grâce à ce sang neuf, après avoir subi une longue décadence. La cité devient indépendante et célèbre en tant que centre de course contre les bateaux et navires chrétiens.
La plus ancienne mention du nom de la ville (Ribat) remonte à l’an 978. Elle est citée parle géographe Ben Haouqal dans son livre « Sourat Al Ard ». Il la situe sur la rive gauche du Bouregreg et la décrit comme un centre de Jihad où sont « mobilisés plus ou moins cent mille personnes pour combattre » le royaume kharijite des Berghouata. Ceux-ci ont longtemps inquiété la principauté de Béni Yfren, installée à Salé et Chellah ainsi que les Almoravides et l’Etat almohade à ses débuts.
Propos recueillis et traduits par Maâti Monjib
Lire la suite de l’article dans Zamane N°109 (Décembre 2019)