Suite au vaste programme d’arabisation lancé pendant les années 1960, des départements entiers de l’université marocaine disparaissent. Les principales victimes sont les sciences humaines et sociales, jugées trop «laïques». Récit d’une réforme brutale qui voit des professeurs marocains écartés au profit de leurs homologues… égyptiens. Les conséquences sont visibles à ce jour.
J’ai vu des étudiants s’évanouir sous le choc. Ahmed El Motammassik, président de l’association des professeurs de philosophie, est aux premières loges du plus grand chamboulement de l’histoire contemporaine de l’université marocaine. Du jour au lendemain, ses étudiants et lui assistent, médusés, à la prise de fonction d’une escouade de professeurs universitaires venus d’Egypte, pour remplacer les enseignants marocains titulaires jusqu’alors. C’est donc en voyant ces inattendus nouveaux arrivants que certains étudiants sont pris d’un malaise, et parfois même se sont évanouis. Cette époque houleuse de la décennie 1970 place l’université marocaine au cœur de l’effervescence idéologique qui secoue le Maroc et le monde en général. Ces lieux de l’enseignement supérieur, et dans une moindre mesure les lycées, sont de véritables foyers de contestation sociale et politique. Pour les autorités, il est primordial de garder un œil sur de potentiels futurs révoltés, voire révolutionnaires.
Par Sami Lakmahri
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