La pratique de la corruption était monnaie courante, et notamment durant la période qui va du XIIIème au XVème siècles. Les acteurs sociaux et administratifs qui y étaient impliqués pouvaient parfois être sanctionnés. Mais quelle était l’attitude générale de la société vis-à-vis du phénomène ?
Schématiquement, la corruption a longtemps été perçue comme une pratique illicite, mais poursuivant parfois la réalisation d’objectifs légitimes du corrupteur. Très souvent, commerçants et artisans étaient obligés de graisser la patte aux commis du fisc afin d’échapper à leurs abus. Elle avait valeur de protection. De même, certaines personnes se trouvaient dans l’obligation de donner des pots-de-vin aux représentants de l’Etat afin d’éviter l’arbitraire du Makhzen. De telles pratiques étaient « couvertes » sur le plan religieux par certains oulémas, comme le célèbre Aboulfadl Rached Al Walidi, qui a vécu au XIIIème siècle de l’ère chrétienne.
La corruption se propageait d’une façon remarquable vers les fins de règne dynastiques. Surtout que, selon la théorie khaldounienne, c’est durant de tels contextes que les gouvernants, devenus de vrais sybarites, s’habituent au confort, au luxe et à l’aisance de la vie urbaine. D’où la recherche du lucre et du gain facile via la corruption et l’arbitraire. Dans de telles conditions, nombreux étaient les fuqaha qui autorisaient le bakchich si c’est pour éviter la mort, la confiscation des biens ou pour sauver sa famille.
Par Mohammed Yassir El Hilali
Lire la suite de l’article dans Zamane N°104 (Juillet 2019)
Qu’est qui a changé depuis? Au Maroc et dans le reste du monde pour autant que face à chaque corrompu il y a fatalement un corrupteur ou plutôt une kyrielle. Un vieux dicton local : chkoun fellisse lmagrib ? L’wize, ou neglise ou je n’ose pas terminer. ..
en fait le Maroc , bien que pays émergent qui l’a fait passer au niveau industriel, reste encore sous la houlette nuisible du Makhzen lequel fait perdurer ses pratiques immorales, le système colle littéralement aux structures modernes et par là, les parasitent voire les dégradent constamment.