On a tendance à prendre pour argent comptant la thèse coloniale selon laquelle la France serait la première à avoir fait de Rabat la capitale d’un Maroc qu’elle voulait moderne. En remontant un peu notre histoire, on s’aperçoit pourtant que la ville avait déjà assumé le rôle de résidence royale et de siège des représentations diplomatiques étrangères bien avant 1912…
Les Almohades, fondateurs de la ville, n’ont jamais pensé lui donner un rôle plus que militaire. D’ailleurs, son nom de « Ribat al-Fath » dit tout sur les raisons de sa fondation : un ribat, ou camp militaire, où les souverains almohades envisageaient de rassembler leurs troupes avant de les lancer contre l’ennemi chrétien en Andalousie. Donc un simple relais entre la capitale Marrakech et l’Andalousie qui, de jour en jour, se trouvait menacée par l’avancée des armées castillanes. D’ailleurs, ni les Almohades, ni aucune dynastie maghrébine avant eux, ne pouvaient concevoir une capitale sur la côte, car la mer était synonyme de danger et de risque d’attaque – surprise de la part des flottes ennemies. Mais Yacoub al-Mansour a construit sur l’embouchure du Bouregreg une mosquée qui n’avait pas d’égale dans tout l’occident musulman. Il avait aussi construit des murailles colossales de plusieurs kilomètres de long. Tout ceci juste pour les besoins militaires de ses troupes ?
Par Mohamed El Mansour
Lire la suite de l’article dans Zamane N°109 (Décembre 2019)