« L’autre rebelle » du Nord, qui tenait alternativement du brigand et de l’homme politique, a fini par aider les Espagnols à mater les résistants du Rif. Avant de s’attaquer à Abdelkrim. Ce sera sa dernière bravade
En 1921, ils sont tous deux considérés comme de redoutables chefs de guerre. Le premier, le chérif Moulay Ahmed Raissouni, règne sur le pays jebala depuis une vingtaine d’années, avec à son actif une longue série de guérillas contre les Espagnols. Le deuxième, Mohammed Ben Abdelkrim El Khattabi, vient tout juste d’être choisi par ses pairs du Rif pour diriger une rébellion de grande envergure contre deux puissances étrangères : l’Espagne, qui occupait la zone Nord, et la France, occupant le Maroc central. Le «sultan des montagnes» (comme le surnommera l’exploratrice Rosita Forbes) et «l’émir du Rif» n’auraient jamais dû s’affronter. Mais la guerre du Rif (1921-1927) en décidera autrement…
L’alliance contre nature de Raissouni avec les Espagnols est bien connue, mais jusqu’à récemment on ne savait pas jusqu’où allait cette complicité. D’après les archives que nous avons consultées, elle était beaucoup plus importante que ce que l’on pensait. Il s’agit des archives personnelles d’un militaire espagnol, ancien haut fonctionnaire au Maroc : Tomás García Figueras (1892-1981). Elles regorgent de documents confidentiels et d’annotations personnelles, et comportent également une foisonnante correspondance. Ces archives révèlent l’ampleur de la collaboration de Raissouni, ainsi que la lutte qu’il menait contre Ben Abdelkrim. Nous avons ainsi pu retracer les dernières années du chérif, et faire le récit de cette «guerre dans la guerre» qui se terminera par sa capture et sa mort.
Les ennemis de mes amis…
En 1921, quelques mois avant le déclenchement des hostilités entre les Rifains et les Espagnols, le futur collaborateur a encore une tout autre idée de l’occupation espagnole. Dans une lettre datée du 13 février qu’il adresse au président des Etats-Unis – et qui sera interceptée par les Espagnols -, il demande à l’administration américaine «d’intercéder pour octroyer l’indépendance à ce pays et le libérer du joug de l’oppresseur».
Par Adnan Sebti
La suite de l’article dans Zamane N°7
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