Le Mouvement national est apparu dans les grandes villes du royaume. Salé n’est pas en reste et peut même s’enorgueillir d’en être l’un des principaux foyers. Entre le soulèvement de 1930 et la répression de 1944, Salé semble incarner l’esprit de révolte, bien plus que d’autres grands centres urbains. Comment et pourquoi ?
Plus qu’aucune autre ville du Maroc, Salé a rapidement figuré sur les cartes géographiques occidentales. Hantise des navires européens, la cité est réputée dangereuse et rebelle. Des siècles durant, les corsaires et pirates de la ville sont reconnus dans les contrées les plus reculées, victimes de leurs raids. Avec la France, la relation est tout aussi houleuse. Dès la moitié du XIXème siècle, la France engage une lutte féroce contre la ville et ses habitants. En novembre 1851, après le pillage d’un de ses navires marchands, la France bombarde violemment la ville, prétextant une revanche. Mais ce bombardement est bel et bien un avertissement envoyé au Maroc tout entier, et c’est en punissant Salé que ce message est lancé. Ainsi commence un rapport de force qui ne fait que s’intensifier avec l’avènement du Protectorat en 1912. Si, à l’instar des grandes villes, Salé n’est pas directement concernée par la « campagne de pacification », opération de conquête militaire, ses habitants n’acceptent pas leur sort facilement. Dès la première année, les artisans de la ville protestent contre le Protectorat et se font immédiatement rappeler à l’ordre par le nouvel occupant. Car les Slaouis cultivent depuis des lustres une haute opinion d’eux-mêmes puisée dans l’histoire, la piété et l’honneur. Parmi les grandes familles qui peuplent la ville, certains, comme les Idrissi, font remonter leur installation dans la cité à l’époque de la dynastie homonyme, première régnante sous la bannière de l’islam au IXème siècle.
Par Sami Lakmahri
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