Le 26 février dernier, un communiqué du Palais annonçait que le Souverain a subi une opération au cœur. Si les Marocains sont inquiets, les nouvelles de la santé de leur roi ne sont plus une surprise. Cette information est la sixième depuis le début de règne en 1999. Une transparence totalement inédite…
Dans chaque pays, la santé du chef de l’Etat est une affaire sensible. Au Maroc, elle a longtemps été un sujet tabou, voire un crime de lèse-majesté. Mais ça, c’était avant. Les citoyens sont désormais habitués à des communiqués liés à la santé du roi Mohammed VI. Le dernier, en date du 26 février, semble le plus préoccupant : « Après avoir subi des troubles du rythme cardiaque le 20 janvier dernier, des examens médicaux ont été effectués et ont conclu à un ‘flutter auriculaire’ (une élévation des battements du cœur à un rythme rapide et régulier) sur cœur sain ». L’information est donc précise, et surtout instantanée. Le but, au-delà de s’inscrire dans une transparence nécessaire en démocratie, est de couper court aux rumeurs inhérentes à l’exercice du pouvoir. Car rumeurs et spéculations alimentent théories et contrevérités, qui peuvent s’avérer dangereuses. La rumeur sape la confiance et contribue à créer un climat politique tendu qui pollue l’exercice du pouvoir. Dans la diplomatie, cet enjeu devient crucial et dépasse le cadre de l’échiquier national. Le 27 novembre 2014, à la veille d’un déplacement hautement stratégique de Mohammed VI en Chine, un communiqué vient annuler la visite royale et explique que «le souverain présente […] un syndrome grippal aigu avec fièvre à 39,5 degrés compliqué d’une bronchite». Dans la même veine, le 11 octobre 2017, le roi ne peut recevoir le Premier ministre russe Dimitri Medvedev en visite officielle au Maroc. Cette fois, sans plus de détail, le Palais présente ses excuses et avance des « raisons de santé ». Le partage de l’information liée à la santé du roi débute lors du mois de ramadan en 2009. L’inquiétude vient avec le constat d’un retard à l’entame des traditionnelles causeries religieuses. Aussitôt, les Marocains sont avertis que « Sa Majesté le roi Mohammed VI […] présente une infection à rotavirus avec signes digestifs et déshydratation aiguë nécessitant une convalescence de cinq jours». Ce communiqué est une véritable révolution et vient rompre définitivement avec l’omerta sur ce sujet à l’époque de Hassan II. En novembre 2015, le monarque écourte son séjour à Laâyoune pour cause « d’un syndrome grippal avec atteinte broncho-pulmonaire et oropharyngée» et d’«une extinction de voix». Un peu moins d’un an plus tard, un nouveau communiqué dévoile que Mohammed VI «présente un ptérygion de l’œil gauche qui s’étend sur la cornée. Il a été nécessaire de réaliser une exérèse complète de celui-ci et un repos d’une durée de 15 jours est nécessaire pour une bonne cicatrisation de l’œil, en particulier de la cornée». Même bénins, les problèmes de santé du roi sont désormais relayés dans un souci de transparence inédit dans le royaume. Derrière ces communiqués, la patte habile d’un homme, le professeur Abdelaziz Maaouni, médecin personnel du souverain et directeur de la clinique du palais royal.