La défaite d’Isly contre la France (1844), puis celle de Tétouan contre l’Espagne (1860), font entrer le royaume chérifien dans le jeu des puissances occidentales qui lorgnent désormais avec appétit sur le « gâteau marocain ». Désormais, malgré le répit que constitue le règne de Hassan 1er, le temps est venu pour quelques aventuriers ambitieux de contester l’autorité du sultan, et parfois… devenir sultan à la place du sultan. Face à Abdelaziz, un sultan souvent décrié et bientôt détrôné par son frère Abdelhafid, se développent ainsi des mouvements de contestation, au nord comme au sud, et jusqu’au sein de la famille régnante.
Ahmed El Hiba (1876-1919) : Sultan de Marrakech
Chef de file de la résistance armée contre la puissance coloniale française au Sahara, il prend la succession de son père Mae El Ainin, à la mort de ce dernier, en 1910. Deux ans plus tard, à la proclamation du protectorat, il se rebelle contre le nouveau sultan, Moulay Youssef. El Hiba se proclame ainsi sultan à Tiznit et est reconnu à Taroudant, Agadir et même à Marrakech, qu’il conquiert le 6 septembre 1912. Vaincu unmois plus tard à Sidi Bouathman par les troupes françaises, il n’abandonne pas la lutte et continue à harceler l’occupant jusqu’à sa mort en 1919. Ses fils continueront le jihad jusqu’en 1934.
Mohamed Ameziane (1889-1912) : Chérif du Rif
C’est à la chute de Bouhmara que Mohamed Ameziane commence à faire parler de lui. L’ancien rogui (prétendant) avait octroyé aux Espagnols et aux Français une concession minière à laquelle Ameziane est opposé. En juillet 1909, sous son commandement, les insurgés rifains attaquent le chantier de construction de la voie ferrée devant permettre l’exportation de fer via le port de Melilia : dans le « ravin du loup » (Oued Dib), ce sont pas moins de 400 Espagnols, dont un général, qui périssent sous le feu nourri des Rifains. En Espagne, ce premier revers des troupes coloniales au Maroc a un écho considérable.
Mais l’émoi espagnol est de courte durée. Une véritable armada est acheminée vers le Rif pour mettre un terme à la révolte d’Ameziane. En novembre 1909, après quatre mois d’une campagne de guérilla acharnée, submergés par le nombre et la puissance de feu des Espagnols, les Rifains sont acculés, mais ne rompent pas. Pendant près d’un an et demi, Ameziane mène en fait une campagne d’un genre nouveau. Il s’agit non plus d’un simple jihad défensif, mais d’une véritable entreprise de reconquête. Durant plusieurs mois, il a l’initiative. Ameziane meurt pourtant dans une banale escarmouche avec les « Regulares » espagnols, le 15 mai 1912. Son corps est exposé quelques jours dans la ville de Melilia, avant d’être inhumé à Seghanghan.
Par la rédaction
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