La pacification du Maroc ne sera terminée qu’en 1934. Entretemps, les troupes françaises ont dû consentir plusieurs sacrifices avant de s’installer au Tafilalet, pourtant proche de l’Algérie où la France était déjà installée. Louis-Jean Duclos, un ancien officier des Affaires indigènes, nous fait le récit de cette période.
Sous l’autorité plus ou moins nominale d’un khalifa du sultan, le Tafilalet, au début du XXème siècle, relevait théoriquement de l’autorité du Makhzen. Un proche cousin du sultan, Moulay El Mehdi, de son palais de Ksar Ouled Halim proche du mausolée dédié à Moulay Ali Chérif (1589-1659), était censé administrer l’oasis et ses environs, ce qu’avait réaffirmé avec un certain éclat le passage, en 1893, de la harka de Moulay Hassan Ier. La signature en 1912 du traité du Protectorat ne contribua pas peu à faire ressortir le caractère illusoire du pouvoir que, de Fès ou de Rabat, une autorité centrale était en mesure d’exercer sur ce territoire. En effet, proche de l’Algérie sous domination française, le Tafilalet est l’objet de convoitises de la part de ses voisins, tout au moins jusqu’au traité de Fès aux yeux duquel il eût paru illogique que la France «protectrice», promue garante de la souveraineté marocaine, consente, fût-ce à son profit, à un abandon d’une partie du territoire. Peu importe à cet égard que Lyautey, Résident général au Maroc (1912-1925), ait été le même qui faisait bon marché de l’intégrité des marches orientales du royaume quand il commandait en Algérie la subdivision d’Aïn Sefra (1903-1906).
Par Louis-Jean Duclos
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