Alors que pour la plupart des nationalistes marocains une condamnation à mort par le colonisateur signifiait une médaille accrochée à la poitrine, Torres n’a jamais voulu parler de ces deux épisodes de sa vie.
L’une des facettes les moins connues d’Abdelkhalek Torres, le leader nationaliste du Maroc sous influence espagnole pendant le protectorat, c’est le nombre de fois qu’il a été condamné à mort. C’est peut-être le seul nationaliste marocain qui a été condamné à la peine capitale par les deux puissances étrangères, l’Espagne et la France, qui occupaient le Maroc. Pour des raisons liées à la manière dont il a été condamné, Torres a toujours gardé le silence sur ces deux épisodes importants de sa vie. Il les considérait comme des incidents, voire des faits mineurs dont il ne fallait pas évoquer, ou si peu, l’existence. Ceux qui l’ont connu dans le Tétouan de la fin des années cinquante et des années soixante se rappellent simplement le sourire esquissé avant qu’il ne mette fin à la conversation quand on lui sortait le sujet. Devant les journalistes et les étrangers qui lui posaient la question, il s’esclaffait de rire avant de passer à autre chose. Et pourtant, ce grand nationaliste, rigolard, bon vivant, extrêmement dépensier et imprévisible dans ses deux vies, la politique et la privée, a bel et bien failli être exécuté. Et à deux reprises.
Par Adnane Sebti
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