À partir de 1830, le nombre de missions diplomatiques marocaines auprès des cours européennes augmente considérablement. C’est qu’après la conquête française de l’Algérie, les tensions entre le Maroc et la France (et d’autres puissances européennes) allaient dominer les relations extérieures du royaume, et ce pour le restant du XIXème siècle.
La plupart des émissaires marocains en Europe prenaient le soin de coucher sur papier le récit de leur voyage et leurs impressions sur le pays visité. Il ne s’agissait pas d’informer sur les raisons politiques de leur déplacement, et le lecteur qui s’attend à découvrir les circonstances et les aboutissements de leur mission diplomatique risque d’être profondément déçu. Car le rapport sur les aspects politiques de l’ambassade était une affaire d’Etat dont les faits avaient un caractère strictement confidentiel et n’étaient probablement communiqués qu’au souverain en personne. Le récit, lui, s’adressait à l’élite savante et faisait partie du genre rihla, traditionnellement réservé aux déplacements à caractère religieux comme le pèlerinage aux Lieux saints. Le consacrer donc aux affaires profanes, et de surcroît celles qui se rapportent aux infidèles, était une violation de la tradition et un acte fort gênant pour son auteur. Pour un milieu musulman, le seul intérêt de tels récits était de divertir le lecteur et de lui relater toute une série de merveilles et de phénomènes étranges sur des peuples restés en dehors de la civilisation (de l’islam donc).
Par Mohamed El Mansour
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