À quoi ressemblait la vie quotidienne dans ce Maroc romain ? Une fois n’est pas coutume, Zamane vous propose une « fiction », mais inspirée d’événements, dates et lieux ayant réellement existé. Lisez, voyagez…
D’abord comme dans un songe, la voix de sa mère se fait de plus en plus précise. Lucius ouvre des yeux engourdis au son de son prénom vociféré de plus en plus fort par Tertia, sa mère. Dans la petite chambre, les deux lits rembourrés de foin de ses deux sœurs, Fausta et Prima, sont vides. Comme d’habitude, il est le dernier levé. Dans cette petite maison familiale du quartier populaire au sud-est de Volubilis, les murs de pierre n’empêchent pas la fraicheur matinale de ce mois de décembre de conquérir les pièces. Ici, aucune chaufferie souterraine ne vient adoucir l’âpreté de l’hiver. Lucius, dont le prénom veut dire « né avec la lumière », enfile sa tunique en mauvaise laine de mouton. Il rejoint ensuite la pièce à vivre, où l’attend un verre de lait de chèvre et une soupe de semoule préparée par sa mère. Pendant que le jeune adolescent engloutit son petit déjeuner, Tertia lui rappelle qu’il est attendu dans la boutique de son père Marius Silius Procules, mosaïste modeste mais très en vue ces derniers temps. Avant de s’y rendre, Lucius, connu surtout par son surnom de Paulus, « le petit », a prévu de faire autre chose. À seulement quelques pas de sa maison, il toque à la porte de son inséparable ami Marcus Servilius. L’origine sociale de ce jeune garçon est gravée dans son « gentile nomen », c’est-à-dire son nom de famille. Servilius indique que ses ancêtres étaient des esclaves. La famille de Marcus est d’ailleurs vue d’un mauvais œil par les habitants du quartier sud, qui colportent un supposé lien avec l’honnis Aedemon.
Par Sami Lakmahri
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