L’histoire de l’industrie du sucre commence auXVIe siècle au Maroc à l’époque des Saâdiens. Elle est mentionnée la première fois par les voyageurs sous le règne des Saâdiens, lesquels en font un monopole d’État. Le pays ne présente pas de conditions climatiques favorables à la culture de la canne, mais la main-d’œuvre y est abondante et les facilités juridiques autant que politiques ou économiques permettent la mise en place d’une culture et d’une industrie. Les Saâdiens octroient sans difficulté des accords aux exploitants étrangers, avec des facilités d’installation et de prêt d’une main-d’œuvre composée d’esclaves d’Afrique Centrale. Quant aux pôles industriels de sucre, ils sont répartis sur plusieurs régions : Tanger et Sebta, Chichaoua, Oued N’fis et Oued Qsob dans les régions de Marrakech, puis Sidi Chaker et la zone de Souss. Les premiers bénéficiaires sont des chrétiens. Les investisseurs de confession juive ont eu un accès moindre à cette industrie, alors qu’une grande partie des musulmans sous les Saâdiens n’ont pas été à la tête de ce secteur, faute d’organisation commerciale selon le spécialiste de l’étude de l’artisanat des pays du Maghreb, Lucien Golvin. Mais, à partir du XVIIe siècle, le secteur au Maroc est en déclin. La découverte de l’Amérique du Sud et l’émergence d’une culture de la canne au Brésil deviennent une concurrence insurmontable.
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Le mérite de l’étude de ces installations, mal connues jusqu’aux années soixante dix, revient à Paul Berthier et non à Lucien Golvin. D’un autre côté, je crois qu’il n’y a aucune sucrerie au nord du Maroc et les plus importantes sont celles d’Ida Ougard et Taroudant…
Sii Monsieur , il y’a la sucrerie de la ville de Zaïo au nord-est du maroc 40km de nador , elle est parmis les plus ancienne au Maroc .
Le Maroc n’a pas été le premier pays à industrialiser la production de sucre (il faut plutôt parler de pré- industrialisation que d’industrialisation). C’est l’Espagne ou plus exactement la Grenade musulmane qui la première a construit les premières usines sucrières dans la région de Motril dès la première moitié du 15ème siècle. Les initiateurs de ce procédé de production furent les juifs séfarades qui après 1492, chassés d’Espagne, mirent leur savoir faire à la disposition du royaume du Portugal.
C’est ainsi que l’on vit fleurir des « usines » sucrières sur les îles de Madère et de Sao Tomé. Mais la surexploitation de ces terres fragiles entraîna la fin de cette production dès 1550.
Le monde occidental manquait donc de sucre. Les Antilles et le Brésil ne s’étaient pas encore lancés dans ce commerce, la région de Motril secouée par les révoltes musulmanes des Alpujaras avait vu la culture de la canne réduite à néant.
Sollicités par les marchands européens les sultans saadiens qui venaient de reprendre Santa Cruz en 1541 (Agadir) saisirent cette opportunité de s’enrichir.
La capture en mer d’un « ingénieur » juif au large de Madère leur permit d’implanter les premières usines sucrières dans la région du Souss.
Faisant preuve d’un savoir hydraulique étonnant ils en construisirent rapidement 10 dans ce bassin, avant d’étendre, après 1575, cette production aux régions de Mogador (Ida Ogourd), Chichaoua (2) et Sidi Chiker sur le Tensift.
Pour de multiples raisons, fort bien analysées par Paul Berthier dans son ouvrage de référence « Les anciennes sucreries du Maroc et leurs réseaux hydrauliques » paru en 1966, l’aventure sucrière « saadienne » prit fin au tournant des années 1600.
Je signale que les ruines de l’usine de Mogador, sont les seules au monde qui permettent de se représenter ce que pouvait être le fonctionnement d’une unité sucrière pré-industrielle. Ce patrimoine exceptionnel soumis aux pillages et à l’indifférence des autorités est malheureusement en train de se dégrader rapidement !