Plusieurs centaines de milliers de descendants des musulmans d’Al Andalus sont expulsés de l’Espagne vers le Maghreb. Ce flux migratoire entre l’Europe et l’Afrique du Nord chamboule l’équilibre du royaume catholique.
L’expulsion des Morisques d’Espagne sur ordre du roi Philippe III, qui a débuté en 1609 et s’est terminée quatre ans plus tard, a été vue à l’époque comme une œuvre de salubrité publique contre une « race rebelle et perverse ». Les Morisques étaient les descendants des musulmans d’Al Andalus, restés en Espagne après la chute de Grenade en 1492. Devenus chrétiens, de gré ou de force, ils furent accusés tout au long du XVIe siècle de pratiquer en secret l’islam. Ces accusations ont envenimé les relations entre cette minorité ethnique et les autorités espagnoles.
Jusqu’à ce que, à l’aube du XVIIe siècle, le roi Philippe III, excédé par les révoltes morisques et poussé à bout par l’Eglise catholique (mais aussi, pensent certains historiens, par la peur que cette population ne s’allie avec le menaçant royaume de France ou avec le non moins menaçant Empire Ottoman), décide d’expulser 300 000 personnes de leur foyer espagnol.
L’histoire tragique des Morisques ne peut être dissociée de celle d’Al Andalus, le puissant Etat musulman fondé en 711 par les Arabes et qui pendant quasiment huit siècles, avec Cordoue comme capitale, fera de ce bout d’Europe une terre de civilisation et de splendeurs. Mais après l’ascension vint la décadence, conséquence des interminables guerres fratricides qui ont permis aux chrétiens de relever la tête et de reconquérir cette constellation de petites et fragiles nations musulmanes appelées taïfas.
Conversions forcées
L’histoire des Morisques commence en 1492. Cette année-là, après l’entrée des Rois catholiques (Isabelle de Castille et Ferdinand d’Aragon) à Grenade, dernier carré musulman de la péninsule ibérique, les nouveaux maîtres du pays s’engagent à respecter les « rites mahométans » des Arabes qui ont décidé de rester dans la péninsule. S’il doit y avoir conversion au christianisme, celle-ci doit être volontaire. Mais rapidement, la situation des musulmans d’Espagne change. Le tristement célèbre cardinal Cisneros, homme de confiance des Rois catholiques, estime que le nombre des conversions volontaires n’est pas satisfaisant. C’est alors qu’il songe à utiliser d’autres biais : la prison et la torture deviennent des moyens légaux pour pousser la population musulmane à abjurer sa foi et à se faire baptiser. Les livres écrits en arabe finissent dans le bûcher. Un soulèvement musulman qui a éclaté en 1499 à Grenade se termine en 1502 par une défaite sévère des derniers Arabes d’Al Andalus et l’obligation pour eux de se convertir au catholicisme. Quelques décennies plus tard, les derniers musulmans de Valence et d’Aragon qui ont préservé leur religion en échange d’une taxe, sont soumis aux mêmes conditions après un soulèvement armé. Cette population devenue officiellement chrétienne prend le nom de « Morisques ». L’origine de cette terminologie vient du grec vulgaire « mauriskus », qui signifie « maure ».
Nouveaux chrétiens vs vieux chrétiens
Main d’œuvre laborieuse et sérieuse, très prisée par l’aristocratie espagnole qui s’oppose fermement à leur expulsion en 1611, les Morisques sont pourtant mal vus par les « Cristianos viejos » (vieux chrétiens). Ce concept idéologique est créé à l’époque pour les différencier des « Cristianos nuevos » (nouveaux chrétiens), c’est-à-dire des Morisques ou des Juifs qui ont embrassé le christianisme pour pouvoir rester sur le sol espagnol.
Mais bien que convertis et ayant acquis des prénoms et des patronymes à consonance espagnole, les Morisques conservent leurs coutumes, leurs danses, leurs vêtements et leur langue : la « algarabia », l’arabe andalou. Ce mélange d’arabe et d’espagnol dont nous avons conservé des traces écrites grâce à la correspondance et à la littérature morisque, perdure durant tout le XVIe siècle. Les Morisques conservent également leur religion, l’islam, pratiqué dans le secret de leurs demeures. C’est cet attachement à des origines vilipendées dans la nouvelle Espagne qui causera leur perte. A partir de la deuxième moitié du XVIe siècle, les appels à l’éradication de cette culture « exogène » par la toute puissante Eglise catholique sont devenus permanents. Un curé extrémiste, pourtant d’origine morisque, le père Torrijos, recommande ainsi qu’on interdise le mariage entre les « nouveaux chrétiens » pour les empêcher de procréer. Un autre religieux, le bénédictin Pedro Ponce de Léon, conseille tout simplement aux autorités d’envoyer aux galères tous les hommes dont l’âge se situe entre 18 et 40 ans. Mais les plus radicaux sont sans aucun doute les évêques de Segorbe et de Séville qui proposent ni plus ni moins que leur castration. On sait aujourd’hui que, dans un premier temps, les autorités espagnoles (l’empereur Charles Quint puis son fils Philippe II) ont refusé de suivre les recommandations très peu catholiques de leur clergé. Mais l’idée avancée par la bulle papale du 15 mais 1526 de Clément VII, qui préconise une expulsion massive, fait son chemin dans les esprits.
Le roi des Morisques
D’autant plus qu’il existe un précédent avec l’expulsion des Juifs en 1492. En 1567, une série de lois destinées aux Morisques sont édictées sous le roi Philippe II. Les Morisques doivent, dans un laps de temps ne dépassant pas trois ans, abandonner leur langue, ne plus rédiger leurs contrats ou tout autre document administratif en « algarabia », et obliger leurs femmes à ôter le voile traditionnel qui cache leurs visages. C’en est trop pour une population déjà soumise et marginalisée. En 1568, une partie de la population morisque de Grenade se soulève. Un noble d’origine musulmane, Fernando de Valor, se proclame « roi des Morisques », prenant le nom d’Abén Humaya (Ibn Umayya).
Durant deux années, il résiste aux armées envoyées par Madrid, avant de finir assassiné par son cousin Abén Abou. Cette sanglante guerre connue sous le nom de « Révolte des Alpujarras » se conclut par la défaite des Morisques en 1571 et se traduit par leur déportation et dispersion en Andalousie et en Castille. Mais le pire est encore à venir. Avec l’avènement de Philippe III, l’hostilité de Madrid envers ses sujets morisques devient manifeste. Devant l’impossibilité d’évangéliser et d’assimiler cette population estimée à quelques centaines de milliers d’âmes, le souverain espagnol prend une décision extrême. En 1609, il décrète l’une des plus impitoyables déportations de l’histoire de l’humanité. Pendant quatre années, quasiment tous les Morisques d’Espagne prennent le chemin de l’Afrique du Nord. Durant plusieurs siècles on estima le nombre de ces déplacés à un million de personnes, avant que de nouvelles études le ramènent à 300 000. Philippe III a bien spécifié dans son édit que les adolescents de moins de 10 ans, les vieillards, les handicapés et les femmes mariées avec de « Vieux chrétiens » devaient être épargnés, mais dans les faits cette recommandation n’est pas suivie.
Chez les cousins maghrébins
Des files interminables de Morisques jalonnent les villes et les campagnes espagnoles. Des quartiers urbains, des bourgs de campagne et même des pans entiers de la géographie valencienne se vident littéralement de leurs habitants. Des ports du littoral méditerranéen sont assaillis par une masse humaine désespérée qui cherche à embarquer dans les bateaux mis à sa disposition pour se rendre au Maghreb, et dans une moindre mesure dans l’Empire Ottoman. Le déchirement ressenti par les Morisques en quittant une terre qui fut la leur et celle de leurs ancêtres pendant neuf siècles est, selon la littérature de l’époque, incommensurable. Des chroniques morisques de l’époque parlent de tragédie, de malheur, de fuite dans les montagnes, de mariages arrangés entre jeunes filles morisques et « vieux chrétiens ». Et même plus tard, de retours clandestins dans la péninsule après l’expulsion.
Car l’accueil au Maghreb, dans les grandes médinas de Tétouan, Fès, Salé, Rabat, Alger, Oran, Tlemcen et Tunis, n’a pas toujours été chaleureux. Les Morisques, qui portent des noms espagnols, découvrent qu’ils n’ont aucune affinité, culturelle ou religieuse, avec leurs lointains cousins maghrébins. Dans un passage de Don Quichotte, Cervantès qui a écrit son chef-d’œuvre quelques années seulement après le grand transfert, fait parler Ricote le morisque, ancien voisin de Sancho Pança : Ricote raconte à son ex-compatriote la nostalgie de la patrie perdue et la déception qui suivit la découverte du Maghreb : « Où que nous soyons, nous pleurons l’Espagne ; car enfin nous y sommes nés, et c’est notre patrie naturelle. Nulle part nous ne trouvons l’accueil que souhaite notre infortune ; en Berbérie, et dans toutes les parties de l’Afrique, où nous espérions être reçus, accueillis, traités comme des frères, c’est là qu’on nous insulte et qu’on nous maltraite le plus ».
Siècle de décadence
Après l’expulsion des Morisques, l’Espagne retrouve sa cohésion religieuse et culturelle dans un paysage débarrassé de ses minorités. Mais à quel prix ! Economiquement, les régions vidées de leurs habitants morisques s’appauvrissent à vue d’œil. Il faut savoir que la région de Valence a perdu en quatre ans le quart de ses habitants. Le dépeuplement est si évident que Madrid doit repeupler de force certaines contrées en transférant des populations (chrétiennes) du nord au sud. Après le XVIe siècle espagnol appelé « Le Siècle d’or » en raison de la puissance de la Maison des Habsbourg (ou Maison d’Autriche) qui règne en Espagne, mais aussi grâce aux découvertes et aux possessions immenses de territoires lointains, le XVIIe siècle est celui de la décadence, des guerres et des territoires perdus. Au final, l’Espagne est devenue un Etat ébranlé économiquement et démographiquement par le départ d’une masse humaine qui avait constitué, dans bien des régions, le noyau vital de l’économie. C’est seulement au début du XXe siècle, avec le regain d’intérêt des historiens pour ces Espagnols musulmans, que l’Espagne commence à reconnaître que la décision de Philippe III a occasionné un tort immense au pays.
Par Adnan Sebti
Une injustice et une vergogne a resdoudre!!!
Et aucune excuse officielle n’a été adressée par les autorités espagnoles aux descendants des morisques. En tant que descendant d’origine andalouse et musulmane je l’exige je cherche toujours mes origines en terre d’Espagne en vain. ce qu’ont fait les catholiques d’Espagne est impardonnable; ils ont détruit non seulement une vie mais anéantis une civilisation
apparemment la colonisation vous gêne quand ce n’est pas la votre… 800 de colonisation, de dhimmitude…
comme par hasard vous n’en faites pas mention. s’il vous plait , arretez de pleurer sur votre propre colonisation de 130 ans… vous etes ridicules a coté.
Prenons garde à ce que l’histoire ne se répète.
L’histoire est un éternel recommencement.
L’invasion économique a remplacée l ‘ invasion militaire .
Le Maghreb est parti à l’assaut du monde occidental .
Les Chinois s’ installent en Afrique .
Au moyen Orient une poignée d » individus accaparent les terres en toute impunité .
Les lendemains risquent d »êtres génocidaires,
Mec 800 ans ça ne s appelle plus de la colonisation car sinon le monde entier est colonisé ! Réfléchi un coup ces gens étaient né laba après 800 ans ! Et des dizaines de générations
les musulmans en Espagne nònt jamais oblige les chrétiens de changer leur religion par force…..et les morisques sont bien des espagnols,on a pas le droit de les expulser ,de les obliger de changer leur religion par la force…..ok ,les chrétiens ont gagne la guerre contre les musulmans ,ils ont du respecter la diversite religieuse,culturelle…les espagnols musulmans et juifs ont été persecutes,tues…sans clemence…les livres ont été brules…..genocide humaine et culturelle.
Avant l’Islam, les habitants du Moyen Orient, du Mghreb et du Machrek étaient chrétiens, juifs ou animistes. Il y avait même des tribus juives en Arabie. Aujourd’hui dans leur immense majorité (sauf qqs milliers de coptes..) ils ont été convertis « becif » – par le sabre! Que sont devenus les Juifs d’Arabie? … Tous égorgés et plusieurs dizaines par la main même du prophète. Consulter les livres d’Histoire si vous ne le croyez pas.
Combien de pieds noirs ont eu le choix entre la valise et le cercueil ? Des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants ont eu le cercueil et d’autres ont été contraints à la valise. Pour tout le maghreb cela a concerné 1,5 millions de personnes et cela remonte à une cinquantaine d’années. Je peux attendre longtemps les excuses du gvt algérien. Il n’y a eu que 300.000 musulmans chassés d’Espagne, il y a plusieurs siècles après avoir imposé 800 ans de sabre et de dhimmitude et on devrait pleurer sur leur sort. S’ils ont été chassés c’est que leur présence n’était pas souhaitée, ni appréciée. Des millions d’espagnols ont été sous domination musulmane pendant des siècles et il y a un musulman qui se dit descendre des morisques qui exige des excuses du gvt espagnol, lui qui cherche en vain ses racines en Espagne. Il est évident qu’il ne les trouvera pas en Espagne car elles sont en Arabie ses racines. C’est là bas que vous les trouverez et vous devrez vous y installer si les saoudiens vous accepte. SVP, arrêtez de vous raconter et de nous raconter des histoires à l’eau de rose, la domination musulmane partout où elle s’est exercée et où elle s’exerce aujourd’hui est violente et sanguinaire. Pourquoi tous les pays du monde rejette les migrants musulmans, voilà une question que vous devriez vous poser et honnêtement y répondre!
« Tu es une blatte qui blablatte beaucoup! » Surtout beaucoup de mensonges dans vos dires pourquoi cela ? j’aimerais connaître la racine de votre origine. Je plaisante au vue de vos écrits j’espère que tout le monde aura bien compris à qui on a faire, bien évidement!!!
l’espagne appartient aux iberes, les espagnols les musulmans les ont envahis tout peuple qui envahit un autre peuple finit toujours par retourner d’où il vient. je ne vais pas pleurer les andalous, je dirais bien fait pour leurs gueules. ils ont occupé une terre qui n’est pas la leur et les espagnols ont tout simplement récupéré leur pays. et ils n’ont pas à s’excuser. si quelqu’un doit avoir des excuses à recevoir de ces morisques ce sont bien les espagnols qui ont supporté l’occupation musulmane durant 7 siècles. ils ont été gentils les espagnols d’avoir enduré cette humiliation pendant tant’ d’années. les espagnols ont bien fait de les avoir mis dehors. autre chose à l’auteur de cet article qui attribut cette cinquete andalouse aux arabes d’arabie saoudite, c’est complètement faux car elle a été l’oeuvre des nord africains