En 1993, l’un des fondateurs du Groupe Armé Islamique (GIA), accusé de tentative d’assassinat contre Khaled Nezzar, le ministre de la Défense algérien, s’enfuit au Maroc. Nezzar, qui réclame sa tête, est alors reçu par Hassan II. Récit d’une rencontre secrète.
Dans une série d’entretiens, accordés au quotidien algérien Echourouk, l’ex-ministre de la Défense, Khaled Nezzar, a révélé la teneur d’une rencontre secrète avec Hassan II. La genèse de cette entrevue remonte au début des années 1990, lorsque l’Algérie est en proie à la guerre civile et que le général Nezzar est victime d’une tentative d’assassinat à la voiture piégée. Le coupable ? Abdelhak Layada, l’un des fondateurs du GIA qui, pourchassé par les services de renseignements algériens, parvient à s’exfiltrer à Oujda. Nezzar entre alors en contact avec Driss Basri, ministre de l’Intérieur, pour réclamer l’extradition de Layada, condamné à mort par contumace en Algérie. Basri rétorque à Nezzar que Hassan II souhaite le rencontrer au Maroc afin d’en discuter. En juin 1993, le général est donc reçu par le roi au palais royal de Rabat. Les deux hommes discutent pendant plus de deux heures, notamment du Sahara, puis se quittent sans que le sort de Layada ne soit réglé. De retour en Algérie, Nezzar apprend que Layada coule des jours paisibles dans une villa du royaume. En réalité, les autorités marocaines utilisaient ce dernier pour dénicher des dépôts d’armes cachées aux frontières du royaume et censées être envoyées aux islamistes en Algérie. Trois mois après cette entrevue, en septembre 1993, Abdelhak Layada sera remis aux Algériens et purgera une peine de 12 ans de prison ferme.