Figure emblématique de la conscience politique marocaine, homme de gauche et président du Conseil du gouvernement marocain de 1958 à 1960, Abdallah Ibrahim est pourtant tombé dans l’oubli. À travers une biographie étoffée et documentée, la journaliste Zakya Daoud, qui a longtemps côtoyé cet homme et conservé des liens avec sa famille, a remédié à cette injustice. Intitulé « Abdallah Ibrahim, l’histoire des rendez-vous manqués », l’ouvrage raconte le politicien, mais aussi l’intellectuel « détonnant et révolutionnaire » ; facette moins connue du grand public. On y apprend par exemple qu’Ibrahim, très influencé par Ibn Khaldoun et Ibn Arabi, a appris le français à 16 ans en cachette de son père, et s’est très vite intéressé à « l’expérience soviétique » avant d’étudier à la Sorbonne (Paris). Surtout, Zakya Daoud dépeint un homme sans véritables ambitions politico-politiciennes, et qui a par exemple refusé de rejoindre l’USFP par amitié pour Mahjoub Benseddik. Il aura pourtant grandement marqué le paysage politique marocain de son empreinte.
– Abdallah Ibrahim, l’histoire des rendez-vous manqués, Zakya Daoud, La Croisée des chemins.