Oubliez les punks, les hippies et le reste. La contre-culture marocaine est née dans la douleur, dans la colère, dans le combat. Analyse rétrospective.
Dans l’Angleterre des années 1970-80, marquée par la montée du thatchérisme et un durcissement de la ligne politique et sociale, la meilleure résistance, en tout cas la plus spectaculaire, n’est pas venue des milieux politiques… mais artistiques. Surtout du cinéma et de la musique. Au cinéma, Ken Loach et Mike Leigh devenaient de véritables opposants politiques (ils le sont toujours, aujourd’hui encore, surtout Loach). En musique, une nouvelle génération de musiciens décréta la révolution : les punks.
Le cas de la génération punk est intéressant à étudier, même rapidement. D’abord nichés dans les milieux paumés de l’extrême-droite ouvrière, les punks ont opéré un grand virage à gauche. Leur évolution / révolution politique s’est faite… par la musique et le look. Leur devise, leur credo, c’était : « Nous allons jouer autre chose et nous allons porter autre chose ».
La base de la contestation, qui peut mener loin (révolution, soulèvement populaire, renversement politique ou social), c’est d’abord cela : ce besoin irrépressible de briser le monolithe, de remettre la balle au centre.
Cette cassure est la même, à peu de choses près, que les Américains ont connue quelques années auparavant, dans les années 1960. La mort de Kennedy a été la fin de l’innocence. La guerre du Vietnam et les mensonges du président Nixon ont mis le feu dans les travées d’une société déjà secouée par la lutte pour les droits civiques et la fin d’un apartheid anti-noir qui ne disait pas son nom. Cela a donné la génération hippie, bien sûr, mais aussi, d’une manière plus transversale, l’apparition d’une contre-culture forte et très populaire. Les grands cinéastes américains, les grands écrivains, les grands «song writers», tous ont puisé dans cette veine contestataire, dans cette colère naissante et grandissante. Avec le but ultime de créer un nouveau système, un nouvel establishment. Et un nouveau monde, l’air de rien.
Lire la suite de l’article dans Zamane N°97 (décembre 2018)