Découvertes dès l’Antiquité par les Phéniciens puis les Romains, la domination espagnole de Sebta et Melilla a servi la suite de la Reconquista menée par les rois catholiques. Avant de servir des enjeux économiques, coloniaux et sécuritaires.
Depuis l’Antiquité, Sebta et Melilla sont deux aimants à civilisations. Leur histoire respective s’inaugure à partir du VIIème siècle avant Jésus-Christ (J-C), avec l’arrivée des Phéniciens, un peuple commerçant originaire de l’actuel Liban. Ils y apportent l’alphabet, le vin, le cèdre, l’art de la navigation et, en retour, prennent les métaux enfouis dans les sous-sols des deux enclaves, alors nommées Hepta Adelphoi (Sebta) et Russadir (Melilla).
Aux alentours du IVème siècle avant J-C, les deux villes sont conquises par Carthage. Mais lorsque celle-ci perd sa guerre contre Rome, elles passent sous le contrôle du royaume berbère des Numides, puis de Maurétanie. A partir de l’an 40 après J-C, elles sont intégrées à l’empire romain, présent au nord du Maroc. En 429, Sebta et Melilla sont envahies par les Vandales. La première est rapidement récupérée par l’Empire Byzantin avant de devenir le siège d’un évêché, tandis que la deuxième sombre dans le déclin jusqu’à la période musulmane. En 709, les deux enclaves passent sous la domination des Omeyyades. La population berbère ne se laisse pas faire. Plusieurs anciens documents relatent la “résistance épique et féroce” face à l’arrivée des Arabes. Russadir est devenu Melilla (du substantif Melil, la fièvre), qui signifie « la fébrile ». Petit à petit, les berbères insoumis fuient dans les montagnes du Rif, l’islam fait son nid et les deux cités bénéficient d’un développement socio-économique important.
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