Voisins par la force des choses, ennemis mais pas vraiment, amis mais pas tout à fait, l’Espagne et le Maroc sont pourtant condamnés à s’entendre, aimait répéter Hassan II. Jusqu’où pourront-ils aller ?
Dans son travail « Le voisinage méfiant » sur les relations maroco-espagnoles, le chercheur marocain Nabil Daryouch s’arrête sur un moment solennel, lors des obsèques de HassanII, quand, dans le cortège funéraire, le roi Juan Carlos tapote sur l’épaule du ministre des Affaires étrangères, Mohammed Benaïssa, et l’interpelle : «Pouvez-vous me rendre un service ? » Et le ministre marocain d’acquiescer avec déférence. « Prendre un rendez-vous pour Aznar avec Sa Majesté Mohammed VI », renchérit le roi d’Espagne. Le souverain alaouite recevra l’ancien chef du gouvernement espagnol, José Maria Aznar, dans la foulée, pendant la période de deuil. Tout comme il y a une tradition espagnole que tout chef de gouvernement élu a toujours respectée, celle d’effectuer son premier déplacement chez le voisin du sud. Cela ne peut qu’exprimer l’importance qu’accordent nos voisins ibériques à leur voisin du sud. Et réciproquement. Cet élan réfléchi, que commandent la géographie, l’histoire et les intérêts stratégiques, pâtit de zones d’ombre qui freinent l’élan naturel et stratégique de rapprochement, donnant de l’eau au moulin des frileux des deux rives de la Méditerranée.
Par Hassan Aourid
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