En 1878, le Maroc a été frappé par une épidémie de «Bouglib» (choléra) des plus dévastatrices. Le docteur Linarès (1850-1938), attaché à la Mission militaire française d’Oujda avant de devenir plus tard le médecin personnel du sultan Hassan 1er, a fait le tour du pays et rédigé un journal pour relater ce terrible épisode. Zamane en publie des extraits, soigneusement choisis et tirés de la relation «Une épidémie de choléra au Maroc», publiée à la fin du XIXème siècle.
Dans les premiers jours du mois d’août 1878, dès que fut parvenue à Tanger la nouvelle qu’une épidémie faisait des ravages à Meknès et à Fès, le corps diplomatique confia au docteur Taddéo Martinez la mission d’aller étudier dans ces deux grandes villes la nature et l’origine du fléau. Mais, soit que les membres du corps diplomatique n’aient pas voulu, par excès de prudence, effrayer les populations ; soit qn’on ait ajouté une confiance limitée aux déclarations médicales de M. Taddéo, son rapport n’a pas reçu grande publicité.
Toutes les conditions d’insalubrité propres à entretenir dans les germes cholériques une activité latente susceptible d’être ranimée par une cause adjuvante quelconque, existent à un très haut degré au Maroc, où les notions les plus élémentaires de l’hygiène publique font complètement défaut, et où l’hygiène privée est très mal entendue. Vu cet état de choses, c’est avec raison que nous pensons pouvoir admettre l’existence de foyers cholériques mal éteints au Maroc depuis l’épidémie très meurtrière de 1867.
Quant à la cause adjuvante, qui est venue solliciter l’activité des germes cholériques, elle réside évidemment dans la misère presque générale qui s’est produite en 1878 dans toute la partie ouest de l’empire marocain. La récolte du printemps et la récolte d’été ont fait complètement défaut sur tout le versant atlantique. Mais c’est principalement dans les grandes villes comme Fès et Meknès, dans la province de Souss et à «Maroc» (ancienne désignation de Marrakech, ndlr) que les populations ont eu à souffrir de la famine. Telle est à n’en pas douter la cause adjuvante et déterminante de l’épidémie, l’étincelle tombée dans le milieu combustible créé par les foyers permanents.
(Ce texte a été rassemblé et « édité » par Zamane, à partir du livre «Une épidémie de choléra au Maroc», publié à la fin du XIXème siècle).
Par Fernand Linarès
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