De Ghana à Gao, en passant par Mali, des Etats complexes et sophistiqués vont, durant six siècles, partager avec le Maroc d’intenses relations.
Sur la place commerciale de Fès, au temps des Idrissides, les marchands qairouanais, andalous et filalis se rencontrent, échangent et imprègnent la future cité de ces trois composantes structurelles. Les produits, les peuples et les cultures de trois mondes se côtoient. A dix jours de marche au sud, un émirat rival apparaît : Sijilmassa, qui revendique une piété sans faille et l’indépendance vis-à-vis des puissances islamiques. Les fortunes accumulées par le commerce transsaharien au IXème siècle lui permettent de garantir ces deux piliers, constitutifs de son identité kharijite (opposants radicalistes à l’orthodoxie).
Sur leur route, ces richissimes berbères hérétiques rencontrent des Amazighs «blancs» : les Sanhaja (Iznagen), les Jazoula et les Lamta. Ils sont devenus, grâce au dromadaire, les maîtres du désert face aux Noirs indigènes, qui se replient depuis plusieurs siècles dans les oasis de l’Anti-Atlas et de l’archipel saharien. Ces nomades fondent la cité d’Aoudaghost (Mauritanie Orientale) et, jusqu’en 971, sont à la tête d’une fédération de royaumes «noirs», dont ils soutiennent militairement les positions. Ils les tiennent en respect, en contrôlant les approvisionnements en sel, denrée rare et chère, leitmotiv numéro 1 de l’histoire du Sahel. Cette stabilité permet aux Filalis de se procurer, dans ce port du désert, or et captifs collectés lors des guerres inter-africaines. Une communauté arabophone maghrébine se développe aux côtés de l’élite tribale, dont certains se prétendent d’origine orientale.
Par Simon Pierre
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