Le souci d’une monarchie est de perdurer. De ce fait, le prince héritier a été élevé dans l’optique de monter sur le trône. Pourtant, cela n’a pas empêché son père, Mohammed V, de se rapprocher des nationalistes marocains et arabes, quitte parfois à laisser son fils de côté. Moulay El Hassan, lui, habité par l’instinct de survie de sa dynastie, ne choisira pas le même camp. Ou quand le jeune adulte s’affranchit de son père…
Le prince Moulay El Hassan, l’aîné du sultan, reçoit, très jeune, une éducation politique. Son père l’associe à ses activités quotidiennes de sultan alors qu’il n’est encore qu’un adolescent. Par exemple, il lit pour lui les correspondances en langue française. Le prince accompagne parfois son père à des rencontres avec des personnalités importantes marocaines, françaises ou internationales. Ainsi, âgé d’à peine treize ans, il est présent aux côtés du sultan lorsque celui-ci rencontre, à l’occasion de la conférence d’Anfa en 1943, le président américain Franklin Roosevelt et le Premier ministre britannique Winston Churchill. Plusieurs de ses professeurs au collège royal ou ailleurs sont des nationalistes. On peut citer parmi eux Mehdi Ben Barka, dont Hassan II dira plus tard qu’il n’était pas seulement son professeur de mathématiques mais également «de nationalisme».
Lycéen et étudiant, il s’éprend d’histoire, notamment politique, dévorant de grandes œuvres françaises mais aussi arabes et de la Grèce antique. Il aime la politique (idées, débats, rencontres avec des leaders d’opinion et journalistes) comme certains jeunes aiment les voyages ou les filles. Mais dire qu’il n’aime que la politique et qu’il ne fait que ça serait totalement faux. Il passe une adolescence et une prime jeunesse dans le luxe, le sport, les voitures et les aventures. Il lui arrive même de négliger ses devoirs scolaires, mais Mohammed V est là pour le rappeler à l’ordre, quitte à le tancer sévèrement parfois.
Par Maâti Monjib
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