Juste avant la tentative de putsch de skhirat, une présumée affaire de corruption secoue les hautes sphères de l’État. L’Affaire dite « Pan Am » éclabousse le gouvernement. Six ministres sont envoyés en prison. Que s’est-il réellement passé ? Retour sur une étrange affaire où se mêlent intrigues et règlements de compte.
Impensable. Des ministres marocains envoyés en prison. Telle est la conséquence de la fantasque « Affaire Pan Am ». À l’origine, une demande de la compagnie américaine d’aviation Pan American World Airways, dans laquelle elle souhaite acquérir un terrain en plein centre de Casablanca. Nous sommes à l’aube des années 1960. Hassan II succède à son père et se range immédiatement du côté du bloc de l’Ouest. Les États-Unis ne sont plus de simples partenaires cordiaux, mais désormais un puissant allié. De fait, comme il est d’usage dans le monde de la diplomatie, Washington pense obtenir des facilités de la part de Rabat. Cela tombe bien. La principale compagnie d’aviation américaine a des vues sur un terrain situé sur l’avenue Hassan II, près du parc de la Ligue arabe. Cette surface est occupée par une vieille caserne coloniale appelée « Heudes ». Discrètement, les Américains suggèrent à leurs nouveaux partenaires de leur céder le terrain convoité. Il est question d’y construire un complexe hôtelier. L’affaire traîne en longueur jusqu’à tomber dans l’oubli. Entre temps, la décennie 1960 marque un début de règne mouvementé. La monarchie et les partis politiques sont à couteaux tirés. En 1965, le roi instaure même un état d’exception. Les tensions sociales et politiques sont à vif.
Par Sami Lakmahri
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