Selon Abdesselam Cheddadi, les deux seuls points sur lesquels tous les pays arabes convergent sont l’islam et la langue arabe. Or, ce sont justement les plus problématiques. Ils n’ont d’ailleurs pas permis de faire émerger une zone culturelle arabe unie et dynamique. Au-delà du passé, il s’agirait surtout, d’après lui, d’aller de l’avant.
Comment décririez-vous la zone culturelle arabe en comparaison avec les autres grands ensembles culturels : l’Inde, l’Europe, le continent africain… ?
On doit constater qu’il n’y a pas à proprement parler une zone culturelle arabe dotée d’unité et de dynamisme qui soit comparable à l’Union européenne ou à l’Inde. Les deux seuls points sur lesquels tous les pays arabes convergent sont l’islam et la langue arabe. Mais ces deux points, précisément, sont les plus problématiques. Là où l’islam, comme spiritualité et comme culture littéraire, historique et philosophique, peut potentiellement constituer un facteur dynamique de créativité culturelle, il est réduit à l’aspect le plus ritualiste et le plus dogmatique de la religion. Cela est dû d’une part à l’instrumentalisation de la religion tant par les pouvoirs en place que par les opposants, et d’autre part à la pauvreté de la réflexion et de la recherche sur l’héritage culturel islamique et au développement médiocre des sciences humaines et sociales modernes. De son côté, la langue arabe, qui a pu connaître un véritable renouveau pendant une période d’environ un siècle (de la deuxième moitié du XIXème siècle à la première moitié du XXème), n’a pas été développée et promue sur le plan scientifique pour la hisser au niveau des grandes langues internationales.
Propos recueillis par Nina Kozlowski
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