S’il n’a pas pu libérer Sebta et Melilia, Moulay Ismaïl a réussi à récupérer des cités et des fiefs qui échappaient à la souveraineté marocaine, comme Mehdia, Asilah et bien d’autres.
Le Maroc moderne doit donc au sultan Moulay Ismaïl la souveraineté de quelque uns de ses sites côtiers les plus stratégiques. Au cours de son très long règne, le sultan a fait de la «reconquête» marocaine une priorité morale, religieuse et aussi politique. En parvenant à libérer successivement le bastion de Maâmora (l’actuelle Mehdia) en 1681, Tanger en 1685, puis Asilah en 1689, et enfin Larache en novembre de la même année, le célèbre souverain alaouite vient clore le second chapitre de la «reconquista» marocaine. Mais, tout comme son premier acte, initié par les Saâdiens au début du XVIème siècle, cette seconde offensive n’est pas tout à fait achevée. Malgré plusieurs tentatives, Moulay Ismaïl échoue à libérer Sebta, Melilia, et le fort de Mazagan (El Jadida) demeure entre les mains des Portugais jusqu’en 1769. Pour autant, le sultan est tout de même parvenu à récupérer, en quelques années à peine, des sites majeurs de l’histoire du Maroc. Comment a-t-il pu réaliser un tel tour de force alors que depuis les Saâdiens, aucune autorité du Makhzen n’a su bousculer les garnisons chrétiennes fermement accrochées à leurs bastions ?
L’une des réponses se trouve dans la personnalité même du sultan. Rigoureux, méthodique et profondément pieux, Moulay Ismaïl considère la présence chrétienne en terre chérifienne comme une infamie portée au prestige de son règne. En outre, il appuie sa politique de développement sur le comblement du retard technologique avec l’Occident, qu’il s’agisse de l’ingénierie ou de l’équipement militaire.
Par Sami Lakmahri
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