A quoi ressemblait la vie quotidienne au Maroc, il y a 160 ans ? Et la vie politique ? Et le reste, tout le reste ?
Le livre de H. de T. D’Arlach, intitulé «Le Maroc en 1856», est un document rare. Tiré à peu d’exemplaires et sans doute jamais réédité, c’est le témoignage vivant et franc d’un Européen sur le Maroc et les Marocains de l’époque. Le livre n’est pas homogène, voire contradictoire, dans son discours sur l’autre, autrement dit sur le Maroc et les Marocains. Parfois à la limite raciste (c’était très répandu à l’époque), parfois universaliste, il écrit comme il sent les choses. Cela doit varier selon les émotions négatives ou positives provoquées par ses (més)aventures durant sa longue prise de contact avec les habitants du pays.
D’Arlach a passé trois ans au Maroc, durant la première moitié des années 1850. Vers la fin de son séjour, il entreprend de rédiger son livre et le publie aussitôt, en 1856. Il s’agit d’une sorte de rapport égayé d’anecdotes, de descriptions de la vie quotidienne et de remarques qui se veulent savantes. Celles-ci reflètent aussi bien les réalités du Maroc d’antan que l’image que le pays avait en Europe. L’auteur possède, comme la majorité des auteurs européens de l’époque, des vues passablement « racisantes ». Mais il s’agit d’un euro-centriste relativement « éclairé ». Car il semble croire que, pour peu qu’ils se débarrassent d’une administration corrompue, d’un pouvoir despotique, et s’ils se «frottent» de près aux Européens tout en apprenant d’eux, les Marocains peuvent évoluer et fructifier les grandes richesses de leur pays.
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