Fondateur, opposant puis frondeur, Bachir Edkhil est une mémoire vivante de l’histoire du Polisario. En ralliant le Maroc à la fin des années 1980, il souhaite initier une vaste réconciliation démocratique entre le royaume et les territoires contestés. Pour lui, les Sahraouis sont des incompris. Aujourd’hui, le chantier paraît toujours aussi vaste…
Vous incarnez trois grandes phases du mouvement sahraoui. D’abord fondateur du Polisario, puis dirigeant ayant mis en place les structures de Tindouf avant d’être parmi les premiers à regagner le Maroc. Y a-t-il un lien commun lors de ce parcours ?
Oui, la quête d’une identité. Il fallait que je trouve des réponses convaincantes aux évènements qui ont marqué l’histoire de ma région natale et qui ont forgé notre identité. Qui sommes-nous ? Que voulons-nous ? C’est l’histoire d’une recherche perpétuelle.
À quel moment peut-on parler d’une cristallisation du mouvement sahraoui ?
Il faut comprendre que cette région a été historiquement minée par les conflits. Hormis peut-être la décennie des années 1960, les troubles sont constants. Sous l’occupation, citons d’abord l’action de l’Armée de Libération qui a représenté une phase charnière dans la lutte contre la colonisation. Cet épisode est la première lucarne qui nous guide dans la quête que j’évoquais à l’instant. L’objectif était de chasser les Espagnols qui ont pris le parti de consacrer un statu quo politique dans la région et qui nous était défavorable. Puis vint la guerre des Sables (1963, ndlr) durant laquelle des personnes issues des territoires contestés ont participé. Parmi eux se trouvait mon frère, également futur membre fondateur du Polisario. Par la suite, toujours dans le sens de nous trouver un rôle dans l’histoire, le mouvement «Bassiri» vint entamer un nouveau cycle.
Propos recueillis par Hassan Aourid et Sami Lakmahri
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