Hassan II, Driss Basri, les « services », Abdelkrim Khatib, Abdelkrim Moutiî, l’affaire Omar Bendjelloun… Abdelilah Benkirane n’élude aucun chapitre, aucun détail d’un parcours étonnant qui l’a mené de la Chabiba ittihadia à la Chabiba islamiya, de la mosquée à la prison, de l’ombre à la lumière, et de l’opposition au gouvernement.
Le chef du gouvernement marocain a tout connu. Même la prison avec le tristement célèbre Derb Moulay Chérif. Son parcours ressemble à celui d’un miraculé. Abdelilah Benkirane le sait, et il en est fier. Tout en lui transpire cette sérénité, mais aussi cette malice, propres à l’homme qui a un vécu, qui a tout connu, surtout les galères. Mais de Benkirane, on connaît surtout le présent, beaucoup moins le passé, l’histoire. C’est cette histoire, riche et mouvementée que Zamane vous propose de survoler. Sans tabou et sans fausse pudeur. Benkirane a accepté de se plier au jeu des questions-réponses. Des questions parfois ‘‘pièges’’ et des réponses parfois surprenantes…
Le premier islamiste du royaume a commencé à gauche, comme beaucoup de jeunes dans les années 1960-1970. Il n’a pas été totalement insensible à certaines « valeurs de l’Occident ». Et il était loin d’être monarchiste. Entre ce point de départ et la ligne d’arrivée, il s’est passé, bien entendu, beaucoup de choses. L’homme qui conduit le gouvernement marocain depuis près de quatre ans a en quelque sorte « goûté à tout », avant de se frayer un chemin au cœur du si complexe mouvement islamiste marocain. Parce que, oui, le mouvement islamiste n’est pas un bloc uniforme, mais une mosaïque, un assemblage de pièces diverses, avec ses réformistes, ses conservateurs, ses « refuzniks », ses médiateurs, ses radicaux, ses éclaireurs, etc. Benkirane trône au milieu de ce monde, jouant le rôle du tampon et de l’interface : avec le pouvoir central bien sûr, mais aussi avec les démocrates et les élites exigeantes de la société marocaine. Pour comprendre qui est Benkirane, il est utile de savoir d’où il vient et de s’arrêter sur les nombreuses étapes du chemin qui a été le sien. Son parcours n’est pas un long fleuve tranquille, plutôt le contraire. Ce fleuve, nous vous invitons à le remonter. Bonne lecture… et bon voyage.
Propos recueillis par Smail Bellaouali
La suite de l’article dans Zamane N° 56